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QU'EST-CE QUE SERVIR ?

 Causerie du vendredi soir :         QU’EST- CE QUE SERVIR ?

«Donne tes mains pour servir et ton cœur pour aimer. » (Mère Térésa)

« Le premier de tous les biens est le service.» (J-J.Rousseau)

INTRODUCTION :

Pourquoi avons-nous été créés ?  La réponse à cette question est toute prête chez les croyants. C’est celle du catéchisme de notre enfance.  «Nous avons été créés pour Le connaître, L'aimer et Le servir». «Les croyants sont ceux qui servent le Seigneur en toutes choses» (Lumen gentium 49).  «Dieu appelle l’homme à Le servir en esprit et en vérité» (Dignitatis Humanae 11).

  Connaître, aimer, servir, telle est notre unique raison d'être.  «Le moi égoïste qui s'interpose nous fait oublier cela» écrit dans son journal spirituel Jeanne Schymitz-Rouly (Page 80). Saint Ignace ouvre les exercices spirituels en proposant comme première réflexion que «l’homme a été créé pour louer, respecter et servir Dieu Notre Seigneur» (# 23).  «Servir, c'est la vie de l'homme sur la terre» (Job VII, 1). Pour Gandhi, «servir est une religion» (Livre des sagesses p. 1543).

Mais qu’est-ce que servir ?  Ces 48 heures ne réussiront  pas à nous  faire  saisir  toute «la  longueur, la hauteur, la profondeur, la largeur» de ce mot.  Ce soir, j’attire votre attention sur ce qu’est l’essence même de «servir».  Habituellement, nous parlons du service à partir de ses effets.

Pour le dire sommairement, servir est loin d’être «une grâce bon marché (qui) est l’ennemi mortel de notre Église.  La grâce à bon marché, c’est la grâce sans l’option pour le Christ, la grâce sans la croix… La grâce au prix fort, c’est un trésor caché dans le champ et pour lequel l’homme vend tout ce qu’il possède. Elle coûte cher parce qu’elle coûte à l’homme le prix de sa vie. Elle coûte cher parce qu’elle a coûté cher à Dieu…. Ce qui a coûté cher à Dieu ne peut être bon marché pour nous» (Dietrich Bonhoeffer).

C’est une grâce qui nous fait ″marcher à contre-courant″ de l’actuelle mentalité du ″chacun pour soi″, cette maladie qui nous empêche de renoncer à nos nostalgies infantiles de tout ramener à notre petit monde. Servir, c’est ouvertement clamer, et je paraphrase Paul aux Galates, que «ce n’est plus moi qui vis mais l’autre».  «Refuse-toi à toi pour adhérer à Moi» (Marie de la Trinité).

Ne plus exister, nous ″désapproprier″ de nous-mêmes,  parce que «le dernier mot de l’Évangile, c’est de s’occuper de l’homme… c’est le service de l’homme» (Zundel). Ne plus exister pour nous-mêmes, pour entrer dans ce grand mouvement de ″conjugalité″ mutuelle que nous étions à l’origine. Servir est un chemin pour redécouvrir nos origines.  Pour nous refonder sur nos origines. 

CRÉÉS POUR SERVIR

Nous avons été créés pour nous venir en aide. Un nouveau regard sur le péché originel en fait une «mauvaise manière de vivre».  Cette ″mauvaise manière de vivre″ - conséquence directe de notre ″finitude″, - est un détournement de notre identité. Il faut prendre au sérieux l’affirmation biblique que la Création à l’origine était intègre. À l’origine nous, «créatures créées» (François Varillon), étions intègres, en harmonie parfaite avec notre être profond. À l’origine, nous étions essentiellement «service».  Servir, être en état de service, être ordonné au service, va nous permettre de retrouver un état d’intégrité originelle, humaine. (Projet nouveau regard, site internet de l’Abbaye Saint-Paul de Wisques).

Dans la vision chrétienne de la création, le premier geste de Dieu fut d'affirmer qu'il n'est  pas bon que nous  soyons seuls.  Le premier geste de Dieu  fut  de  nous  faire  à «son image et ressemblance».  Nous sommes ″conjugalité″.  Il est impossible de concevoir l’être humain en dehors de son rapport avec l’autre. «Je ne deviens conscient de moi, je ne deviens moi-même qu’à travers autrui et à l’aide d’autrui. L’être profond de l’homme est communion» (philosophe Bakhtine). Vivre avec l’autre, vivre la capacité de donner et de recevoir appartient à l’essence même de l’existence humaine. Dieu nous «a donné la forme de la Trinité» (Catherine de Sienne, Oraisons, cité dans collection Expérience de Dieu, Fides p. 37).  Tout au long de son œuvre mystique, Bonaventure n’a cessé de répéter que «depuis toute connaissance, spécialement celle enseignée dans les textes sacrés, la Trinité marque tout de son empreinte» (the triple way : a Bonaventurian Summa of Mystical Theology greyfriars review, vol 16, 2002, supplément).

Devant cette manière de vivre chez Dieu, Karl Barth a une affirmation plutôt étonnante mais très orthodoxe : «si on nie la Trinité, on a un Dieu sans beauté».  La forme de vie du Dieu des chrétiens est celle d’une beauté relationnelle.   

Grégoire de Nysse dans une catéchèse primitive déclare aux chrétiens que «dans sa ressemblance, l’homme manifeste la beauté de Dieu». Nous sommes, dans le projet de Dieu, des êtres de relation, des ″personnes″ avant d'être des ″individus″. Dans le projet initial de Dieu, nous sommes des êtres de beauté relationnelle.  Dit autrement, nous avons dans nos gênes de belles manières de vivre entre nous.  Nous sommes créés pour être beauté relationnelle, pour être SERVICE. C’était cela le projet paradisiaque de Dieu.  Très fort comme sens !

Le philosophe Kierkegaard affirme que «le but de la vie, c'est vraiment d'être soi-même». Notre but ultime et premier est de nous accomplir, de nous réaliser. Ce but n’est pas quelque chose de mesurable, de quantifiable comme un objectif à atteindre. Il n’est pas de l’ordre de l’avoir, du prestige. Il est de l’ordre de l’être.  Cela passe par une ″conversion″ à ce que nous sommes. Nous convertir à nous-mêmes. Or, nous sommes conjugalité, nuptialité. Nous sommes dans notre être profond appelés à nous épanouir en nous payant respect mutuel. C’est le sens profond du service.  Dans son message pour la journée des vocations 2003, Jean-Paul II écrit : «le service représente la réalisation suprême de la dignité de la créature, le rappel de toute sa dimension mystérieuse et transcendante».  Servir n’est donc pas une réponse à mon tempérament, à mes besoins personnels ou encore à mes tendances à vouloir ″aider″. Servir est un chemin de réalisation de nous-mêmes. Gandhi disait qu’il a choisi de servir parce «c’est l’accomplissement de l’être».

Si vous me suivez bien, servir est autre chose qu’un geste ponctuel, un devoir.  Autre chose qu’un ″faire″ ou un ″agir″.  «Servir» ne sera jamais de l’ordre du ″faire″ mais plutôt de l’ordre de ″l’être″.  Impossible de nous réaliser sans être totalement en «état de service».  Cette manière de vivre donne du "poids de sens" à notre existence.  Elle accroît notre «poids d’être» (Lytta Bassett).  Nous devenons humains en servant.  «Ce qui éclate dans l’Évangile, c’est que servir est la religion de l’homme» (Zundel).

Servir, nous venir en aide mutuellement, nous payer de respect mutuel, est incontournable si nous voulons nous réaliser en tant que personne humaine. Rares sont les personnes qui ont d’autres ambitions que de se réaliser, s’accomplir.  Impossible  de  nous accomplir en solitaire. Dans le projet de Dieu, être seul,  c’est un manque, un non accomplissement. En ce sens, nous ne sommes pas des  ″autosuffisants″. Nous sommes à l’image de Dieu. Et en Dieu, il n’y a aucune autosuffisance.  Il n’y a que don.

Servir est au cœur d’une vie réussie. Servir est au cœur de l’Évangile comme au cœur de toutes les spiritualités,  précise le dictionnaire de théologie biblique.  

Quand nous entendons le mot service comme un appel à aider, comme un mandat pour une ″job″, nous appauvrissons lamentablement sa portée et son sens. «Choisis pour servir» est fondamentalement autre chose que de nous croire envoyés pour faire ″quelque chose″.  Ce serait une approche très restrictive, réductrice de sens que de comprendre «allez vous aussi travailler à ma vigne» comme quelque chose à faire.  C’est une manière d’être dans la vigne. «Allez être quelqu’un dans ma vigne.»

UN CHEMIN DE BÉATITUDE :

Si servir nous rend conformes à nos origines, si servir est un chemin de réalisation de soi si chère à notre monde, il faut en déduire que servir est la «béatitude» qui contient toutes les béatitudes. Nous sommes ici à des années lumières du ″sois heureux″ de notre société qui déclare ″heureux″ ceux qui ″surfent″ avec les dernières nouveautés : piercing du nombril, tatouage, derniers gadgets vidéos ou encore qui placent toute leur énergie à se présenter comme le ″plus beau,  ″le plus fort″,  ″le meilleur″.  Paradoxe, cette vision du bonheur fait notre malheur actuel. 

Or le point sommet des béatitudes consiste à développer des «bonnes manières» pour vivre en mode ″compénétration″ et non en mode fusion entre nous, en mode de «réciprocité» permanente,  «d’alliance».  C’est un état de bonheur permanent.

Notre beauté originelle est d’être béatitude.  Mais  cela  nous  oblige d’accepter la  «divine blessure» (Jacqueline Kelen), de renoncer à tout centrer autour de ″son″ moi.  Il y a en nous un ADN de Dieu.  Dieu est SERVICE.  Servir est l’autre nom de l’Amour.  Devenir «service» est l’œuvre la plus noble de toute vie. La béatitude la plus recherchée. Cette réussite-là nous fait être des «icônes» vivantes de la Trinité. Nous sommes créés pour devenir «trinité». Nous sommes créés pour que mon ″je″ se réalise dans un ″autre″. Dans des mots d’une grande sagesse, Grégoire de Nysse  (IVe siècle) affirme : «Ce que vous n'êtes pas devenus, vous ne l'êtes pas».   

Vivre autrement, c’est développer des «mauvaises manières» de vivre qui nous poussent à «devenir des dieux». Tout devient centré sur ″soi″, sur la recherche d’autosuffisance qui est contre nature, sur ce désir de ″toute-puissance″ qui est un rêve sans réalité.

Ce sens du service dont je parle est bien loin de la devise «SERVIR D’ABORD» de certains clubs sociaux, dont le club Rotary, et qui est à comprendre comme faire quelque chose.

Durant le week-end, je développerai tout ce que peut signifier pour nous ces mots de la prière eucharistique (#2) : «Père nous te rendons grâce, car tu nous as choisis pour servir en ta présence».

MAIS QU'EST-CE QUE SERVIR ?

1) C’est quelque chose d’exigeant :

Cela peut étonner mais servir est aussi exigeant qu’atteindre le sommet de l’Everest.  Peu réussissent.  Servir exige une longue préparation, beaucoup de volonté. C’est quelque chose d’astreignant. C’est un sommet d’accomplissement personnel.  Un sommet mystique, d’union à Dieu. Ce sommet est aussi désiré que celui du don de la prière.  Il faut toute une équipe pour atteindre le sommet de l’Everest.  Il faut une «Église» pour devenir en état de «serviteur».  Servir est le fruit savoureux d’une radicale conversion. C’est l’autre face de la contemplation de Dieu. C’est contempler Dieu en acte. C’est devenir Dieu en acte.

Servir est un perpétuel mouvement de ″sortie″ de nous-mêmes pour «laisser entrer quelqu’un d’autre» à qui nous offrons toute la place. L’ ″expropriation de soi-même″ si chère à Maurice  Zundel est le signe que nous progressons dans une vie de service.  Elle confirme que nous vivons de cette «compénétration» (et non fusion) de deux vies, celle de Dieu et la nôtre, que nous avons atteint la perfection de Dieu tout en étant ″imparfaits″, que nous éprouvons le besoin de déclarer en acte que «ma vie, c’est le Christ» (Gal 2, 20). Arrivée au terme des sept demeures, Thérèse d’Avila écrit «qu’il y a en nous un grand désir de servir» (7e demeure, chap.3).  Elle ajoute «toute action doit venir de la racine où l’âme est plantée tout comme l’arbre qui est près des eaux courantes est plus frais et donne  plus de fruits» (7e demeure, chap.3) .

Servir est un appel à vivre sans vivre en moi et de «moi».  C’est un «impossible nécessaire» pour tous ceux qui veulent devenir dans leur personne Évangile de Dieu.

Pour réussir cela, vous et moi avons reçu la grâce baptismale, de l’ordination, cette grâce qui nous fait repousser toujours plus loin les frontières de l’illusoire recherche du ″moi″. Le détachement dont je parle, qui est autre chose que le renoncement, est un puissant outil pour repousser ces «mauvaises manières de vivre» et pour retrouver ainsi notre état originel. Le service est attaché à notre identité d’être humain.  Il est attaché à l’état de disciples.  Il nous fait «disciples» en acte. Évangile en acte.

2) C’est autre chose que faire

Deuxième étonnement : le service dont je parle n'est pas "faire du bien", ni "faire le bien", ce qui est tellement gratifiant.  Ce qui donne naissance à des mouvements de solidarité, c’est une souffrance à soulager, une injustice à réparer, une tragédie ″act of God″ comme le tsunami.  Nous approchons généralement quelqu'un quand son histoire est hachée de misères, de ruptures, d'échecs, etc.  Ces situations donnent naissance à de merveilleux actes de compassion. Ces gestes répondent à des urgences.

Le service, le ″vrai″ service, exige d'arracher de nos têtes tous les schémas de pitié, de compassion, de secours, de toute cette mise en scène de personnes généreuses.  C’est très difficile.  Il est tellement gratifiant de "faire le bien" ou culpabilisant de ne pas le faire.  L'humanité en est truffée.  Pour nous arracher à ce schéma de "faire du bien" ou de ″faire le bien″, il faut savoir qu’aider n’est pas servir.  Ce sont deux mots différents.  Plusieurs cessent d’aider quand les gens n’ont plus besoin de rien.

Nous pouvons bien cesser d’″aider″. Nous ne pourrons jamais cesser de servir. Ce serait contre nature.   Servir est la seule manière de rencontrer quelqu'un sans porter le chapeau d'aidant. C’est la seule alternative possible si nous voulons devenir ce que nous sommes dans notre être profond.  Quand nous servons Dieu, nous ne l’aidons pas.  Il n’a pas besoin de notre aide !  Quand nous servons l’humanité, ce n’est pas pour l’aider.  C’est pour nous accomplir.

3) Autre chose que de se servir

Servir exige de renoncer à nos fantaisies infantiles de tout vouloir ramener à soi. Cela exige, nous le verrons demain soir, de douloureux arrachements. Il n’est pas question d’écraser le moi, encore moins de l’idolâtrer, mais de l’empêcher de se refermer narcissiquement sur lui-même.  «Qu’il meure ce moi et que vive en moi un autre moi qui est plus que moi et meilleur pour moi que moi-même. Qu’il vive et qu’Il me donne vie. Qu’il règne et que je lui sois captive car mon âme ne veut pas d’autre liberté» (Thérèse d’Avila, Exclamation XVII, 3).

Pour nous inscrire dans la lignée de nos origines, pour confirmer que nos vies se transforment lentement en «forme d’Évangile»,  pour que notre service soit Évangile de Jésus, servir doit passer au fer rouge de la Croix, de l’absolu désintéressement, de l’enfouissement de notre ″moi″. En ce sens, servir exige une conversion qui confirme que nous voulons mettre en mots notre connaissance, notre foi en Jésus.  Servir photographie l’extérieur mais oriente les regards sur l’inspiration intérieure. Une photographie qui sera utilisée lors du jugement dernier. «J’avais faim, soif, j’étais nu etc. » (Mtt 25).  Servir est un «sacrifice de louange», c’est ″sacrifier″ quelque chose.  C’est ″faire pénitence″.  Ce sera toujours une forme d’abandon, de privation.  Une forme d’enfouissement.  Servir, c’est consentir à n’être rien.  «Toi deviens MOI et Moi, je serai toi» (Marie de la Trinité).  Servir, c’est disparaître et non apparaître ni paraître.

4) Servir est une vocation :

Nous pouvons être ″aidants naturels″.  Il y a en nous des «penchants» de bonté, de générosité, de compassion. Ce sont là des richesses innées de notre nature humaine.  Nous sommes ″naturellement″ aidants.  Mais servir est un appel, une vocation qui naît à la suite d’un long regard posé sur ce que nous sommes.  Sur Jésus.  C’est une vocation qui vient au terme d’un long processus de changement de «moi»,  processus qui nous conduit d’apprentissage en apprentissage à changer de «vieux vêtement» pour du «neuf».  Trop souvent, nous voulons faire du neuf avec du vieux.  

Servir est une vocation qui nous transforme en personne de miséricorde, qui nous fait «proches des demi-morts» comme l’indique la finale de la parabole du bon Samaritain. Ce qui fait la force des «choisis», ce qui leur donne du courage pour affronter toutes les contrariétés, ce ne sont pas leurs aptitudes personnelles, leur assurance, mais bien ce qu’ils ont «vu et entendu»,  «ce qu’ils ont touché du Verbe de vie» (Jn).  Nous sommes ici au cœur de toute vocation chrétienne, presbytérale, diaconale.   

Comme toute vocation, servir ne sera donc jamais quelque chose d’individuel.  C'est comme chrétien, comme communauté chrétienne que nous sommes en état de service.  C’est la communauté chrétienne qui est «choisie pour servir».

Comme toute vocation, servir ne sera jamais ″limité″, exclusivement réservé à nos proches, à notre entourage ou encore à notre communauté chrétienne.  La nature même de toute vocation est d’être universelle.  Choisis pour servir, j’ajoute, sans exclusivité, sans exclure même nos opposants, nos «ennemis» dit l’Évangile.  Choisis pour «proclamer que le Royaume de Dieu est au milieu de nous».  Question : Sommes-nous prêts à servir même nos ennemis ?

Bref, servir est le chemin le moins fréquenté ou difficilement fréquenté.  Il est un chemin de réalisation de nous-mêmes, d’accomplissement.  Il ouvre sur une plénitude d’être, une plénitude de vie. Sur une béatitude.  Servir est au centre de toute vie, de toute vie chrétienne.  De toutes les spiritualités.  Servir est impossible «sans l’acquisition du saint Esprit» (Séraphin de Sorov).  Il nous identifie au Christ Serviteur souffrant qui donne sa vie.  Nous sommes envoyés pour servir et non pour nous asservir.

5) Servir est une spiritualité

Créés pour servir. C’est une mission. C’est une spiritualité qui rejoint toutes les grandes religions du monde dont les grands axes se nomment ″anéantissement du moi″, ″effacement″, ″élévation du démuni″. Cette spiritualité nous «éveille» pour parler comme un brahman à autre chose que nous-mêmes et confirme que nous avons franchi la distance entre le dire et le faire, «la foi et les œuvres».

Retenons simplement avec Marie de l’Incarnation, cette Thérèse d’Avila du nouveau monde, femme mystique et très engagée :

«Que l’âme étant parvenu à cet état de l’union à Dieu, il lui importe peu d’être dans  l’embarras des affaires ou dans le repos de la solitude; tout lui est égal, parce  que tout ce qui la touche, tout ce qui l’environne, tout ce qui lui frappe les sens, n’empêche point la jouissance de l’amour actuel. Dans la conversation et parmi le bruit du monde, elle est en solitude dans le cabinet de l’Époux, c’est-à-dire dans son propre fond où elle le caresse et l’entretient, sans que rien ne puisse troubler ce divin commerce» (cité par  Max Huot de Longchamp, direction spirituelle, oraison 2, ed. centre saint Jean de la Croix, 2002 p 41).

CONCLUSION :    SERVIR EST UNE GRÂCE

Comme humain, servir est une réponse à devenir origine.  Comme chrétien, servir nous configure au Christ.  C’est une grâce que Dieu nous fait que de nous «choisir pour servir». Nous sommes ici pour questionner notre manière d’accueillir cette grâce.

La pratique de la diaconie ne sera jamais une «grâce à bon marché», un mouvement réduit à faire des choses. C’est un appel ascétique.  Paraphrasant un passage de l’encyclique de Benoît XVI, je nous dis : «À l’anti-culture de la mort, qui s’exprime par exemple dans la drogue, s’oppose la culture du service (le texte dit l’amour) qui ne se recherche pas lui-même, mais qui, précisément en étant disponible à se perdre pour l’autre (cf. Lc 17, 33 et par.), se révèle comme culture de la vie» (#30).  

Je termine par cette très riche réflexion de Rabindranath Tagore : «Je dormais et je rêvais que la vie n'était que joie.  Je m'éveillai et je vis que la vie n'était que service. Je servis et je compris que le service était joie».

 

 

 

 

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Date: 
Mercredi, 1 avril, 2015

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