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2006 - B Mc 14 Dimanche des rameaux - Comprendre plus que le texte

Année B : dimanche des rameaux 2006  LA PASSION SELON SAINT MARC :

Qui peut comprendre toute la richesse de ce récit de Marc ?  Ce que nous en comprenons, ce que je vais maintenant vous en faire comprendre est bien moindre que ce que nous en laissons.  Jésus a dit quelque part de « rendre à Dieu ce qui est à Dieu» (Lc 20,25). Ce qui appartient à Dieu, c`est la folie de la Croix. Ce qui est à Dieu, sa richesse, c`est l`absolue dépossession de lui-même en son être et avoir. «Il s’est abaissé » jusqu’à la Croix.  Cette folie est notre spécificité chrétienne au milieu de la prolifération des mouvements religieux.  Ce n`est pas la grandeur, mais ce qui est « le plus bas » le plus « ignoble » qui est au coeur de la foi chrétienne. «  Qui donc est Dieu, si démuni, si grand, si vulnérable » pour nous servir ainsi ?  L’abaissement, la folie de la Croix constitue la plus noble manière de servir selon l`Évangile. 

La mort en croix de Jésus n’est pas un show pour voler la vedette. Elle est le plus éloquent et le plus grand des signes d’unevie « pure gaspillage » comme le parfum jeté sur les pieds de Jésus, d’une vie vécue sans influence, sans violence. Notre foi repose sur cette évidence historique que la seule influence que le Christ a eue fut de ne pas en avoir.  Ne pas voir d’influence: sommet d’une vie de service. Sommet de tout pouvoir royal.  Mystère de Dieu. Jésus n'a pas été écrasé par des forces plus puissantes que Lui. Il s'est volontairement livré à sa passion (cf. Jn 10, 18).

En ouvrant ce carême, Jésus a repoussé tous les pouvoirs du monde qu’il s’est vu offrir : « je te donnerai le pouvoir universel sur tous les royaumes de ce monde et toute leur gloire. Je le donne à qui le veux » (Lc4, 6). Il a préféré être sans pouvoir. Qui parle aujourd’hui de cette folie d’être sans pouvoir, cette folie de la Croix comme chemin de réussite ? Qui clame aujourd’hui la primauté de devenir sans pouvoir comme chemin de gloire ? Chemin d’évangélisation ?  « Toi deviens Moi en n’étant rien et Moi je serai toi en étant tout » a dit Jésus à Marie de la Trinité.

Marc vient de nous signaler la fin de la théocratie, cette superpuissance de tout contrôler. Paul Evdokimov, pasteur orthodoxe, écrivait que « Tout grand amour est nécessairement crucifié ». Devant nos yeux, un Dieu qui consent à n’être rien, « revêtu de magnificence, de sa force » (ps92), habitant la « dernière place », marchant seul et en silence, vers sa « petite voie ». Jésus n`a pas passé sa vie à courtiser les gens de pouvoir. À acheter les honneurs et les premières places. Il est justement descendu aux enfers à cause d`une mauvaise utilisation du pouvoir. Du trafic  d’influence.

En écoutant cette page de la Passion selon saint Marc, résonnait en moi ces mots que le bienheureux  Guerric a mis dans la bouche du Christ  dans une homélie pour le dimanche des Rameaux : «  Je te servirai donc, assieds-toi. Moi, je vais vaquer au service, je vais te laver les pieds ; toi repose-toi. Moi, je porterai tes infirmités, tes maladies ; sers-toi de moi pour tes besoins, pas seulement comme on fait d’un serviteur, mais comme tu ferais d’une bête de somme, comme tu ferais de ton argent. »

Mystère du service. Mystère du dépouillement de sa volonté. Mystère du « moins que rien ». Mystère d’une vie donnée.  Mystère de notre vie aussi. Jésus a remplacé le mal par le bien. Il a été ce sel jeté en terre pour donner à notre Terre un goût de miel. L’Incarnation, cette descente du Fils de Dieu jusqu’à nous, aurait été incomplète sans l’abaissement aux enfers de la mort.
  
  Désormais tous ceux et celles qui sont choisis pour servir, le sont pour être crucifiés avec Lui. Ne nous divisons pas sur ce sens du service. N’atténuons pas sa portée. Le service sera toujours une forme d’expiation, de compensation du mal qui dépasse aujourd’hui tout entendement humain.  La souffrance sera toujours la nourriture qui soutient et fortifie toute vie de service. Et porter la Croix du Christ –puisque  c’est cela servir – ouvre sur une récompense : le crucifiement. Refuser ce choix en préférant celui du triomphalisme, c`est la tentation de l`Église, du pasteur, du chrétien. Quand il a agi ainsi, Pierre fut traité par Jésus de Satan (Mt 16,23).  Il y a 40 ans, Vatican 11 exprimait clairement dans un document toujours actuel que «  l`Église n`est pas instituée pour chercher sa gloire terrestre, mais pour répandre l`humilité et l`abnégation en donnant l`exemple. Le texte ajoute Cette Église est toujours à purifier » (Lumen Gentium 8).
 
C`est par la faiblesse, la perte de notre statut de grandeur si lourdement ressentie en nous, que notre Église, notre foi, que nous pasteurs, nous chrétiens feront éclater la force du salut de Dieu. Nous sommes évangélisateurs par la force de notre faiblesse, de nos misères à servir comme Jésus. La croix, cette petite voie su service, est la voie du salut. C’est par nos mains vides, vulnérables, désarmées que nous faisons grandir Jésus dans les coeurs.

À votre contemplation : «  J’ai été déposé dans une mangeoire en signe que je me donne à manger aux hommes. Je suis monté sur la croix pour la réserver aux saints » (infusions divines entendues par Marie de la Trinité) Le chemin des rameaux est la récompense offerte par Jésus à ses amis. Jésus s’est anéanti, a souffert est mort. Notre union à Lui prendra le même chemin.  Nous ne sommes pas nécessairement appelés à la crucifixion. Nous sommes tous et toutes appelés à être impatient d’entrer avec Jésus dans son mystère pascal jusqu’à devenir « icônes » pour entrer dans sa gloire.  Que cette eucharistie nous y conduise. AMEN

 

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Date: 
Mercredi, 1 mars, 2006

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