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2021-B-Jn 6, 60-69 - samedi 3e semaine de PÂQUES- heureuse crise

Année B : samedi de la 3esemaine de Pâques (litbp03s.21)  

Jn 6, 60-69 ;   Ac 9, 31-42 : heureuse crise.

Jean termine son chapitre sur l’eucharistie sur une crise qui est autre chose qu’un conflit. La crise est une minute de vérité […] qui fait discerner le nécessaire (Maurice Bellet). Dans son message annuel à la Curie, le pape décrit la crise qu’il mentionne 46 fois comme un moment de grâce. Un repère essentiel (Paul Ricoeur) pour progresser, avancer. Un conflit est dévastateur. Il engendre la compétition, engage la recherche d’un coupable et se termine par une victoire ou une défaite.

Le geste de Jésus dépasse tellement la capacité humaine d’en comprendre le sens qu’il soulève une crise de crédibilité chez les apôtres. Ainsi en est-il au matin de Pâques quand les apôtres ne reconnaissent pas Jésus. Jésus dépasse l’acceptable en se disant nourriture. Il faudrait se faire plus stupide qu'on est, reconnaît Thérèse d’Avila dans le chemin de perfection et s'aveugler volontairement pour avoir le moindre doute ici.   

Qui est ce pain de vie pour nous ? Pour Carlo Acutis, ce jeune de quinze ans béatifié en 2020, ce pain est son autoroute vers le ciel. Pour le grand priant Jean Tauler, il est la plus grande merveille laissée par Jésus.

  Ce pain, aujourd’hui, est au centre d’une crise profonde du comment concevoir la foi chrétienne. Il est tellement le centre de l’activité ecclésiale que son absence durant la pandémie soulève animosité chez les uns, questionnement chez d’autres. Le débat houleux sur la réouverture des églises est beaucoup plus qu’une question de droit. Il pose la question de notre « communion » avec la rue qui est souvent avortée. 

La réflexion du théologien Tomáš Halík[1] sur les églises fermées, un signe de Dieu, plaide pour un changement de paradigme. Il invite à sortir de nos tombeaux vides pour être sa présence dans nos Galilée, là où résident les chercheurs de Dieu. C’est là que vous me verrez (Mc 16,7).    

Paul reproche aux chrétiens de détourner le repas du Seigneur de son sens : chacun prend son repas en oubliant les autres. Il leur reproche une piété eucharistique qui n’a que l’apparence communautaire (cf. 1 Cor 11, 18-22). Je n’ai pas à vous louer de ce que vos réunions tournent non pas à votre bien, mais à votre détriment (v.18). Et si la fermeture des églises nous faisait retrouver l’urgence de sortir dans la rue, elle aurait été une grâce pour notre temps. Jésus n’a pas prêché l’eucharistie. Il a annoncé l’arrivée d’un Nouveau Monde, celui où juifs et grecs, croyants et athées, vivront ensemble en fraternité et apprendront à se tenir debout dans la différence.

Ce pain dit l’expérience d’un Jésus. Il est l’image, la plus belle sans doute, de comment Jésus vit et continue de vivre sa présence parmi nous. Il se voit comme quelqu’un qui répond aux faims humaines, incluant celle de Dieu. Il expérimente le Dieu de sa foi comme un Dieu nourrissant ; un Dieu nourriture pour toutes les bouches raffinées ou pas ; un Dieu sans frontières entre juifs et païens ; un Dieu samaritain qui abreuve les assoiffés et relève les blessés ; un Dieu solidaire avec toutes les situations humaines quelles qu’elles soient.

Ce pain fera sens aujourd’hui si nous l’actualisons en mode de vie à notre tour : vie ouverte, vie solidaire avec les chômeurs, les itinérants, les moins que rien. En disant prenez et mangez, Jésus nous fait donneurs de vie, nous missionne à être des vivants pour les autres, nous fait devenir lui. Mangez ma vie et vous serez plein de vie. Devenez des humains comme moi et vous serez divins. Jésus montre que nos vies possèdent un potentiel de divin. Nous sommes ce que nous mangeons. Saint Paul verbalise bien cette transformation quand il écrit aux Romains : alors que tu étais olivier sauvage, tu as été greffé à un olivier franc et rendu participant de la sève de cet olivier (Rm 11,17). 

Jésus ouvre nos vies sur une dimension que nous n’avons pas et ne pourrons jamais en saisir toute la portée. Il nous demande d’être fascinants comme lui, nourrissant comme lui, d’être tellement humains comme lui que nous deviendrons divins comme lui. Nous sommes des humains cachant du divin en nous. Ne réduisons pas ce pain à une simple manducation personnelle, à une simple participation à la messe.

Ce pain fera sens s’il est pascal, s’il nous fait pascal ; s’il ressuscite ou suscite des élans de vie, de solidarité, de présence réelle aux autres. C’est en expérimentant ce que ce pain fut pour Jésus qu’il nous fera chrétiens. Ce pain s’expérimente plus qu’il ne s’explique. Aller à la messe ne suffit pas. Cela peut même être un acte d’idolâtrie. Nous allons plus souvent à la messe qu’à devenir pain de vie.

À votre contemplation : Jésus n’exagère-t-il pas quand il nous dit : prenez et mangez et vous deviendrez progressivement divin comme moi. AMEN.

 

 

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Date: 
Vendredi, 16 avril, 2021

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