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2018-B-Jn 3, 16-21-mercredi 2e semaine de Pâques- réenchanter le monde

Année B : mercredi 2e semaine de Pâques (litbp02me.18)

Jn 3, 16-21 : réenchanter le monde    

Ne jamais se plaindre d’être dans le matériel, car Dieu y est jusqu’au bout. Ces mots d’André Louf (Wright, Charles, Le chemin du cœur, expérience spirituelle d’André Louf, Salvator, 2017, p. 117) reflètent bien l’itinéraire de Jésus. Jésus est intensément avec son Père. Il est intensément jusqu’au cou, dans le monde.  Péguy, dans un interminable poème, Ève, de 239 pages, décline l’héritage de l’enfant de la crèche : Il allait hériter d’un monde déjà fait et pourtant il allait tout entier le refaire.

Pour refaire ce monde, pour que ce monde soit sauvé, des mots qui passent moins bien aujourd’hui, Jésus mène une vie, comme je l’exprimais récemment, dévissé de son prie-Dieu sans se déconnecter de son Père. Il hérite d’une tâche immense : réenchanter la vie en y introduisant un goût d’avenir (Guillebaud, Jean-Claude, Le goût de l’avenir). Non pas réenchanter la loi et les rituels liturgiques du temps, mais réenchanter la vie. Choisis la vie (Dt 30, 19) est sa devise. Il aurait sans doute apprécié cette expression des époux : aujourd’hui mieux qu’hier et moins bien que demain. Traduction : chaque jour, avoir le sentiment plus fort qu’il vaut la peine de vivre ; que chaque jour ce monde des humains puisse grandir en humanisme jusqu’à son dernier souffle.

C'est une tâche immense après Auschwitz, le Ruanda et l’attentat de Paris de montrer un Dieu qui aime le monde et que cet amour remonte à son pacte d’alliance au jardin de l’Éden. C'est une tâche immense  d’apprécier la vie qui a souvent des allures de non-vie; d’apprécier ce monde avec ses déchirures d’humanité. Jésus reçoit en héritage, pour utiliser le livre de la genèse, de cultiver, servir, garder ce jardin, cette maison commune (Laudatio si), et d’aimer ceux qui l’habitent. Réenchanter non les lieux du Temple, mais la vie. Jésus n’a pas emprisonné [son] Esprit dans une cage, mais l’a laissé voler dehors et travailler en dehors (Pape François).

Comment s’y prend-il ? En étant très humain, parfaitement humain. En ayant les deux pieds sur terre. Jésus ne vit pas dans les nuages. Que l’on songe ici à la fièvre de la belle-mère de Pierre. Même si elle doit garder le lit, elle n’est pas en danger de mort. Dans les béatitudes, il nous donne une clé pour réenchanter la vie, le cœur du monde aussi. Il récidive dans la parabole des invités de la noce (Luc 14: 15-24). Après le refus des invités, il invite les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux, c’est-à-dire les sans-vies.  C’est à eux, les impurs, les sans-vies que Jésus consacre toutes ses énergies. 

La plus belle démonstration que Jésus a un regard d’inclusion et qu’il lutte contre le fatalisme et l’exclusion, c’est « son incarnation» dans toutes les situations. Quand il rencontre quelqu’un, Jésus s’arrête pour le saluer et non faire comme s’il ne l’a pas vu. Il ne fait aucunement la morale aux gens par de beaux discours. Il n’est pas un docteur de la loi. Il fait éclater la vie, s’efforce de donner du tonus aux situations, aux personnes, en offrant un regard «lumineux» qui transfigure et laisse pénétrer la lumière. Il désire que les gens vivent entre eux de la même harmonie que celle qu’il vit avec le Père. Ce n’est pas tant ses qualités exceptionnelles que sa sensibilité  devant le vécu des gens qui sont autant de signes qu’il aime les gens, le monde aussi.

En entrant dans le «monde» de Jésus, sa manière de voir le monde nous fait vivre des moments passionnants. Le regard de Jésus est positif. Il nous tient en marche. Avec lui, les écarts de comportements, les ruptures avec une foi «consommatrice» sont des moments pour stimuler, provoquer, secouer la poussière qui reste en nous de la foi. Il fait embraser à nouveau le feu de la foi qui reste (Werlen Matin, vivre les yeux ouverts, Ed Saint Martin, 2015). L’héritier Jésus refuse que ce soit parce que ses parents ont péché qu’il soit aveugle (Jn 9, 2).  

À votre contemplation : Jésus n’a pas fait que traverser ni promener son regard sur le monde. Il l’a posé sur lui. Aujourd'hui, dit mère Térésa, il aime tellement le monde qu'il nous donne au monde, toi et moi, pour que nous soyons son amour, sa compassion et sa présence par une vie de prière, de sacrifices, d'abandon. La réponse que Dieu attend de toi est que tu deviennes contemplatif, que tu sois contemplatif.   C’est à nous d’ouvrir les yeux et de voir que c’est là, dans l’opacité de ce monde, que nous rencontrons Jésus, qu’il atteste qu’il aime [vraiment] le monde, qu’il n’est pas le Dieu de «l’en haut», mais le Dieu de «l’en bas». Cette eucharistie, mémorial de sa passion, nous certifie que son amour pour nous, pour ce monde, est authentique. AMEN.

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Jeudi, 1 mars, 2018

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