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Semaine de prière pour l'unité des chrétiens 2019

Date: 
Lundi, 14 janvier, 2019 - 14:45
 
Thème de l'année 2019                                                                   18 au 25  janvier 2019
 
 
TU RECHERCHERAS LA JUSTICE, RIEN QUE LA JUSTICE
Deutéronome 16, 18-20
 
Chaque année, les chrétiens de toute la terre se rassemblent dans la prière pour grandir dans l'unité. Nous faison cela dans un monde où la corruption, la cupidité et l'injustice instaurent l'inégalité et la division. Notre prière est unie dans un monde fracturé: c'est là quelque chose de puissant. Les chrétiens et les communautés que nous représentons individuellement se rendent souvent complices de l'injustice et, cependant, c'est ensemble que nous sommes appelés à témoigner de la justice et à être les instruments de la grâce de guérison du Christ pour ce monde brisé.
 
La Semaine de Prière pour l'Unité des Chrétiens 2019 a été préparée pas les chrétiens d'Indonésie. Avec une population de 265 millions d'habitants, dont on estime que 86% sont musulmans, l'Indonésie est reconnue comme le pays à plus forte population musulmane. On compte toutefois environ 10 % d'Indonésiens chrétiens de traditions diverses. Sur les plans tant de sa population que de sa superficie, l'Indonésie est le plus important État d'Asie du Sud-Est. Il comprend plus de 17 000 îles, 1 340 groupes ethniques distincts et plus de 740 langues locales mais, dans ce pluralisme, il est pourtant uni par une langue nationales unique, le bahasa indonesia. L'État est fondé sur cinq principes, appelés Pancasila, et sur la devise: Bhineka Tunggal Ika (L'Unité dans la Diversité). À travers leur diversité ethnique, linguistique et religieuse, les Indonésiens pratiquent le principe du gotong royong. C'est à dire une vie de solidarité et de collaboration. Cela signifie que l'on partage tous les aspects de la vie, le travail, les peines et les joies, et que l'on considère tous les Indonésiens comme des frères et soeurs.
 
Cette harmonie toujours fragile est actuellement confrontée à de nouvelles menaces. Une part importante de la croissance économique indonésienne des dernières décennies résultait d'un système centré sur la compétition, ce qui contraste de façon saisissante avec le principe de collaboration du gotong royong.
 
La corruption se traduit de multiples façons. Elle touche la politique et le monde des affaires, avec des conséquences souvent désastreuses sur l'environnement. Elle influence  tout spécialement la justice et la mise en œuvre des lois. Bien souvent, ceux qui sont censés promouvoir la justice et protéger les faibles font en réalité le contraire. Ceci aboutit à ce que le fossé entre riches et pauvres s'accroisse ; ainsi, ce pays prospère en ressources connait le scandale d'une importante population en situation de pauvreté. Comme le dit un proverbe indonésien traditionnel : « Une souris peut mourir de faim dans une grange pleine de riz ». En même temps, on assimile souvent certains groupes ethniques et religieux à la prospérité, ce qui a pu nourrir des tensions. Une forme de radicalisation, consistant à dresser une population contre une autre,  s'est amplifiée et exacerbée du fait du mauvais usage des réseaux sociaux qui diabolisent des groupes particuliers.
 
Dans ce contexte, les communautés chrétiennes reprennent conscience de leur unité en se préoccupant ensemble d'une situation injuste et en lui apportant une réponse commune. En même temps, puisque nous sommes confrontés à ces injustices, nous sommes obligés, comme chrétiens, d'examiner nos complicités avec elles. Ce n'est qu'en nous appuyant sur la prière  de Jésus,  « qu'ils soient un », que nous pouvons témoigner de l'unité vécue dans la diversité. C'est par notre unité dans le Christ que nous pourrons combattre l'injustice et répondre aux besoins de ceux qui en sont victimes.
 
Les chrétiens d'Indonésie, touchés par ces questions, ont estimé que la parole du Deutéronome, « Tu rechercheras la justice , rien que la justice ... » (cf. Dt 16,18-20), rendait bien compte de leur situation et de leurs besoins. Avant d'entrer dans la terre que Dieu lui avait promise, le Peuple de Dieu renouvelle son engagement envers l'Alliance que Dieu a conclue avec lui. Cette péricope intervient dans un chapitre portant principalement sur les fêtes que le peuple de !'Alliance devra célébrer. Après chaque fête, voici ce que le peuple devra faire : « Tu seras dans la joie de ta fête avec ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, le lévite, l'émigré, l'orphelin et la veuve qui sont dans tes villes » (Dt 16,14 ; cf. aussi 16,11). Les chrétiens indonésiens cherchent à retrouver cet esprit de fête véritable qu'ils ont connu auparavant dans leurs communautés. Au terme de ce long chapitre du Deutéronome, il peut paraître curieux de trouver deux versets portant sur la désignation des juges, mais dans le contexte indonésien, les rapports entre les notions de fêtes pour  tous  et  de justice  sont très parlants.  Comme peuple de l'Alliance établie en Jésus, nous savons que les délices du banquet céleste seront accordés à ceux qui ont faim et soif, et sont persécutés  pour la justice,  car « le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,6.10).
 
L'Église du Christ est appelée à être un avant-goût de ce Royaume, mais notre désunion nous empêche d'y parvenir. Nous échouons à être le signe de l'amour de Dieu pour son peuple. L'injustice, qui a approfondi les clivages ayant déchiré la société indonésienne, a également nourri les divisions de l'Église. Nous nous repentons de l'injustice qui est cause de division mais, en tant que chrétiens, nous avons foi aussi dans la puissance du Christ qui nous pardonne et nous guérit. Et par conséquent, nous sommes réunis devant la croix du Christ pour demander à la fois sa grâce pour faire cesser  l'injustice et sa miséricorde pour les péchés causés par nos divisions.
 
Les réflexions pour les huit jours et la célébration porteront sur le thème choisi. Pour nous permettre d'approfondir notre réflexion sur unité et justice, le sujet propre à chaque journée a été soigneusement choisi afin de faire apparaître des conflits résultant de l'injustice. Les thèmes successivement abordés seront donc les suivants :
 
 
Premier jour : Que le droit jaillisse comme les eaux (Amos 5,24)
Deuxième jour : Quand vous parlez, dites 'Oui' ou 'Non' (Matthieu 5,37)
Troisième jour : Le Seigneur est bienveillant et miséricordieux (Psaume 145,8)
Quatrième jour : Contentez-vous de ce que vous avez (Hébreux 13,5)
Cinquième jour : Pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres (Luc 4,18)
Sixième jour : Le Seigneur de l'univers, c'est son nom Qérémie 10,16)
Septième jour : Femme, ta foi est grande ! (Matthieu 15,28)
Huitième jour : Le Seigneur est ma lumière et mon salut (Psaume 27,1)