2025-C- jeudi de la 18e semaine ORDINAIRE (litco18j.25)
Mt 16, 13-23 : et si la question était….
Je vous propose d’entendre autrement la question de Jésus qui suis-je pour vous ? Cette question suggère une autre question : est-ce que je suis important pour vous ?
Posons-nous la question : quand est-ce qu’une personne devient importante pour moi ? Les réponses sont multiples. Quand nous sentons qu’elle nous aime vraiment. Quand elle est disponible en tout temps pour nous aider. Quand sa présence nous rassure. Quand elle nous aide à avoir confiance en soi. Quand on ne peut concevoir de vivre sans sa présence. Et je peux ajouter d’autres réponses, toutes valables.
La réponse à cette question est importante parce qu’elle contient la définition de ce qu’est être chrétien. Jésus n’envoie pas des spécialistes de la religion pour parler de lui. Il n’envoie pas des experts ou des docteurs de la loi. Il n’envoie pas des « perroquets » redire ce qu’ils ont entendu. Il n’envoie pas des gens chargés de diplômes, capables de transmettre une doctrine de manière persuasive et convaincante.
Il n’envoie pas des gens armés de connaissance théorique, n’emporter rien, ni sandales de rechange. Il n’envoie pas les douze, les soixante-douze (Lc 10, 1) pour faire connaître une doctrine, un credo. Tous les discours, toutes nos connaissances ne servent à rien, demeurent stériles, si nous ne transmettons pas pourquoi Jésus est important pour moi.
Il envoie des gens pour rendre présente sa personne. Des gens pour qui vivre sans Jésus conduit à une vie sans vie. Pour vous qui suis-je ? Pour vous, suis-je important au point de vivre libérer de tous les attachements qui nous attirent vers les biens périssables.
Le pire danger aujourd’hui, c’est de parler de Dieu sans en vivre, sans briser le vase pour répandre notre parfum intérieur dans toute la maison (Mc 14, 3). Nous sommes pour utiliser l’image de la lecture, ce bâton qui fait jaillir de l’eau vive qui désaltère les soifs, toutes les soifs intérieures. Et le texte nous pose une question, avons-nous assez de foi pour croire qu’être vraiment présence de Dieu nourrit, désaltère ?
La seule mission du chrétien, la seule chose nécessaire et efficace, c’est d’être une présence qui montre Jésus. Une présence vraiment présence, précise Maurice Zundel. Quelle belle tâche qu’être le visage authentique de Jésus ! Nous sommes les visages de Dieu. Jésus envoie des gens le rendre présent.
Si tu rencontres un pauvre, précise Maurice Zundel, ne cherche pas à savoir s’il aime Dieu. Donne-lui ta présence. Jésus est quelqu’un, une présence. Ce ne sont pas nos discours sur Dieu qui font du bien, c’est de montrer que nous sommes habités par une présence.
Ce matin, entendons cette question de Jésus, pour vous qui suis-je ou suis-je important pour vous, comme une mission adressée à chacun d’entre nous, celle d’être le visage de Dieu. Ne prenez ni bourse, ni sac, ni sandales. Prenez mon Esprit avec vous.
Si nous pouvions réaliser que nous sommes présence de sa présence, nous serions émerveillés de nous savoir précieux aux yeux de Dieu. Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui (Ps 8, 5). Dieu s’émerveille tellement de nous qu’il passe par nous pour se manifester, pour réaliser son royaume.
Le pape Léon X1V répondait à cette question, Jésus est-il important pour moi, quand s’adressant aux cardinaux dans sa première homélie, il exprimait que leur mission, que la première tâche chrétienne est de disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié, se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer. Déclarer Jésus important, c’est accepter de disparaître pour que lui grandisse. Cela s’appelle, pour citer Georges Bernanos, la grâce de s’oublier. AMEN.
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