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Suivi SOS Pérou

Date: 
Mercredi, 19 avril, 2017 - 09:15

Merci à ceux de vous qui ont répondu à l'appel à l'aide soit par vos prières ou vos dons. [Voir SOS Pérou].

 

Voici la lettre de Soeur Monique Fortier, des Missionnaires de l'Immaculée-Conception:

 

Lima, le 17 avril 2017

 

Joyeuses Pâques à chacun, chacune,

 

Je veux d’abord vous remercier pour vos gestes de solidarité, prières, dons, mots d’encouragements, etc.  J’ai partagé le tout avec mes sœurs de la fraternité qui les ont beaucoup appréciés. 

Je viens maintenant vous donner quelques nouvelles et vous faire part du peu que nous avons pu faire de notre côté.

 

Le  30 mars, trois sœurs de ma communauté, Rosario Zari, Ana Alvarado et Eydie Saboya ont participé à une journée spéciale de mission. Apportant avec elles des denrées non périssables et autres biens indispensables à distribuer aux sinistrés, elles sont allées  rejoindre un groupe de soixante sœurs de la Conférence des Religieux et Religieuses du Pérou pour prendre un autobus qui les a amenées à Cajamarquilla dans un camp érigé pour les sinistrés des inondations et glissements de terrain de la région de Huachipan. 

 

Nos sœurs Ana et Eydie ont aidé à préparer la « soupe populaire », un repas qui a été distribué à plus de 250 personnes.    Des centaines de pommes de terre et autres légumes à peler et couper!  Un cuisinier professionnel, qui a lui-même perdu sa maison, a dirigé les opérations.  Les sœurs nous ont dit qu’elles ont rarement dégusté un poulet aussi délicieux, il a été cuit sur des grilles, avec le bois comme combustible et la touche particulière du Chef l’a rendu savoureux.   Pendant ce temps, sœur Rosario a visité les familles abritées sous les grandes tentes noires fournies par l’État, les écoutant et leur apportant du réconfort. Il lui reste dans le cœur une grande consolation d’avoir partagé avec nos frères et sœurs sinistrés. Une fois de plus, ils l’ont « secouée » avec leur foi intense, mise à l’épreuve dans la furie de la nature blessée par les abus humains.

 

La situation est désolante, les familles ont tout perdu, les écoles ayant été elles-mêmes envahies par la boue, les enfants ne peuvent retourner à l’école. Peu à peu d’autres informations télévisées viennent prendre la vedette on les oubliera de nouveau, même dans le pays. De son côté, le gouvernement garantit qu’il y aura reconstruction.

 

Les régions les plus affectées ont été celles du Nord du Pérou dont les villes de Trujillo et Piura, On pourrait comparer Piura à Venise, toutes les rues ont été inondées et on a dû rescaper les gens avec des canots de sauvetage, pour les faire passer à des zones sèches.  Les pluies ont maintenant diminué d’intensité et les gens se sont mobilisés pour le grand nettoyage des rues et endroits publics en espérant que tout est terminé!  Quant à Trujillo, elle a subi 8 glissements de terrains, les maisons et les rues sont dans la boue et on commence à peine le nettoyage. On ne peut évaluer le nombre de personnes qui ont perdu leurs maisons et tous leurs biens.

 

La route menant à ces villes est détruite et de nombreux ponts sont tombés, on doit donc acheminer l’aide par bateau et une navette de vols aériens ramènent les gens à Lima, principalement les personnes malades et celles qui peuvent venir s’abriter dans leur parenté qui habite la capitale.  Le gouvernement est conscient que la reconstruction de la route est une priorité.  L’approvisionnement en eau potable est aussi essentiel.  Les dispensaires d’urgence qui ont été installés dans les zones sinistrées reçoivent principalement des cas de troubles intestinaux.  Il n’y a heureusement aucun cas de choléra déclaré à ce jour mais on a relevé plus de cent cas de dingue.  Les moustiques se multiplient  et sont une menace à la santé des gens.

 

 


 

 

 

Mais le Pérou n’est pas le seul à souffrir.  En Colombie, ce ne sont pas seulement des glissements de terrain qui éprouvent la population mais bien des avalanches de boue qui viennent des montagnes et qui enterrent maisons et gens. On compte plus de 200 morts et d’innombrables blessés.  Nous savons tous que le réchauffement de la planète est pour beaucoup dans ce déchainement des forces de la nature.  Nous espérons que les efforts et la solidarité internationale pour préserver notre environnement s’intensifieront.  Ce sont les pays les moins favorisés qui souffrent le plus!

 

Une de nos sœurs péruviennes, Ana Alvarado, qui attend son visa pour retourner comme missionnaire au Japon, donne son temps à Caritas Pérou qui continue de recevoir des denrées de toute sorte, des couvertures, des vêtements.  Il faut trier tout cela, et préparer les envois.  Des camions viennent chercher les dons pour les amener au port de Callao, d’où des bateaux les amènent vers les zones sinistrées. 

 

Le curé de la paroisse responsable du village de Cajamarquilla  a demandé à la communauté d’aller animer le triduum pascal dans ce village.  Plusieurs de nos sœurs s’y sont rendues, apportant en même temps d’autres denrées et biens achetés grâce aux dons que nous avons reçus.  Les gens sont heureux de notre présence qui leur font sentir qu’ils ne sont ni seuls, ni abandonnés.  Nous avons de notre côté l’intention de continuer notre présence dans la mesure de nos moyens.  C’est une goutte d’eau dans l’océan mais comme le disait notre fondatrice, Délia Tétreault : « Nous ne pouvons faire que de petites choses, les grandes, c’est Dieu qui les fait. ».

 

Maintenant, la nature s’est un peu calmée. Nous entendons encore quelques hélicoptères qui jouent leur rôle de sentinelles sur les régions sinistrées. Les secours sont arrivés de nombreux pays et nous espérons que la reconstruction se fera sans trop de délais et en dehors des zones à risque.  Nous mettons notre confiance dans le nouveau Président du Pérou qui, avec ses ministres, a visité les zones sinistrées, a organisé de main de maître la distribution des secours et a été  à l’écoute des besoins des citoyens.  Il a la ferme intention de mettre en place les instances de vigilance nécessaires pour que  la corruption n’atteigne pas les fonds attribués à la reconstruction et que les matériaux utilisés soient conformes aux devis des entrepreneurs.

 

De notre côté en faisant une relecture des événements, à la lumière de notre spiritualité d’action de grâces, nous pouvons reconnaître notre Dieu qui se manifeste à travers des milliers de personnes qui se solidarisent d’une façon ou d’une autre. 

 

Je vous envoie quelques photos de la visite des sœurs à Cajamarquilla et de sœur Ana dans son bénévolat à Caritas.  Vous pourrez constater l’ampleur du travail à faire.  Enfin voyez aussi nos sœurs dans les célébrations pascales à la chapelle de Cajamarquilla.

 

La situation s’améliore mais nous prions pour que les sinistrés ne tombent pas dans l’oubli et que l’on continue de se solidariser avec eux.   Restons aussi solidaires avec les peuples de Syrie et du Moyen Orient, demandant à notre Seigneur ressuscité d’inspirer à nos gouvernants des chemins de paix et non des chemins de guerre pour résoudre les conflits.

 

Je vous remercie tous et toutes d’avoir été là et d’être toujours là en union avec nous. Je vous souhaite de Joyeuses Pâques, que la Joie du Ressuscité habite chacun, chacune d’entre vous.

 

Monique Fortier, m.i.c.