TENEZ FERME (Jc 5,8)
« Tenez ferme » ! Voilà le thème du message du pape François pour le Carême 2015, thème que je fais nôtre pour cette période si importante du calendrier liturgique de l’Église.
Temps de renouveau pour l’Église, pour nos communautés chrétiennes et pour chacun de nous, le carême est une démarche qui nous met en marche vers Pâques et nous appelle à la conversion du cœur. C’est une occasion de changer notre cœur, de nous tourner davantage vers le Seigneur et de nous détourner du mal. En m’inspirant des messages et des lectures des cinq dimanches du carême, de même que du message du pape François, je vous propose quelques réflexions et interpellations.
Le carême, c’est le temps d’aller au désert pour un tête-à-tête avec le Seigneur, pour un dialogue silencieux avec Dieu dans la prière, afin de faire du neuf dans notre façon d’être, de vivre, de penser et d’agir. Parlant de la mondialisation de l’indifférence, le pape François nous rappelle que nous avons besoin de transformation et de renouveau pour ne pas devenir indifférents et refermés sur nous-mêmes. Pour contrer l’indifférence qui nous menace aussi comme chrétiens, pour raviver notre ferveur et tenir ferme dans notre témoignage de foi, allons-nous profiter de cette saison liturgique pour nous nourrir de la Parole de Dieu et des sacrements? Allons-nous « consulter » les saintes Écritures avant de prendre une décision, avant de diriger une réunion ou un projet, avant de nous engager dans des activités sociales ou ecclésiales, et surtout pour « réentendre le cri des prophètes qui haussent la voix et qui nous réveillent » (Pape François)?
Allons-nous prendre du temps pour nous mettre davantage à l’écoute du Transfiguré pour mieux entendre ce qu’il veut nous dire et faire taire ces bruits et ces voix qui risquent d’étouffer l’appel ou la voix de Dieu en nous? Allons-nous prendre part à cette initiative de prière « 24 heures pour le Seigneur » que le pape François lance dans toute l’Église pour les 13 et 14 mars?
La saison du carême est aussi l’occasion de mieux reconnaître la présence du Seigneur dans notre vie, dans les événements, dans les autres, spécialement les petits et les pauvres. Allons-nous nous entraîner à lire les signes de la tendresse, de la miséricorde et de la compassion de Dieu? Serons-nous davantage signe de la bonté et de l’amour de Dieu? Le carême, c’est aussi l’appel au partage. Allons-nous ouvrir largement nos mains pour venir en aide à ces millions de réfugiés ou de pauvres qui sont manipulés, vendus ou vivant dans des conditions de vie infra humaines? Si l’Église est un corps qui « connaît et qui prend soin de ses membres les plus faibles, les plus pauvres et les plus petits », répondrons-nous à l’invitation pressante du pape François de faire de nos communautés et de nos paroisses, « des îles de miséricorde au milieu de la mer de l’indifférence » ?
Enfin le temps du carême est un temps pour nourrir notre foi, foi en Jésus ressuscité et en la vie éternelle. Face à tous ces efforts faits chez nous ou dans le monde pour faire mourir la foi ou développer une culture de la mort, resterons-nous debout pour affirmer notre foi et promouvoir la vie, cette vie qui est menacée tant au début qu’à la fin de l’existence humaine?
Profitons donc du carême pour laisser le Christ réchauffer nos cœurs et les rendre plus ouverts et miséricordieux. Unissons nos forces pour faire fondre dans le monde et dans nos communautés la glace de l’égoïsme et de l’indifférence. Tenons ferme dans notre témoignage de foi, de charité et d’espérance! Mettons-nous résolument en marche pour arriver à Pâques avec un visage de ressuscité et un cœur renouvelé.
+ Noël Simard
Évêque de Valleyfield