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Journée de la vie consacrée

Date: 
Lundi, 2 février, 2015 - 13:45

 

Message sur la vie consacrée de Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada - 2 février 2015

 

Chers frères et sœurs dédiés à la vie consacrée,

 

Dans sa lettre apostolique publiée en novembre dernier pour souligner l’ouverture de l’Année de la vie consacrée, le pape François ouvre de larges perspectives aux femmes et aux hommes consacrés et, en fait, à l’Église universelle au moment d’amorcer une célébration de 14 mois. J’aimerais faire écho à certains de ses commentaires d’un point de vue spécifiquement canadien.

 

Le pape François nous invite à regarder le passé avec reconnaissance, en nous rappelant des hommes et des femmes extraordinaires qui ont donné naissance à de nouvelles formes de vie consacrée, et en songeant à tous ceux et celles qui par centaines et par milliers ont suivi leurs traces et adapté ces modes de vie à de nouvelles réalités sociales et ecclésiales. Ici au Canada, nous pouvons être fiers des grands saints qui ont vécu la vie consacrée en Nouvelle-France : sainte Marie de l'Incarnation, sainte Marguerite Bourgeoys, sainte Marguerite d'Youville, par exemple, qui ont fondé de nouvelles communautés ou qui en ont adapté d’anciennes pour répondre aux besoins des gens avec qui elles vivaient : les Autochtones du Canada et les immigrants de l’Europe. Tant d’autres les ont suivis répondant aux besoins qu’ils observaient avec des charismes qui se transformeraient en diverses entreprises apostoliques : des gens comme le saint Frère André, la bienheureuse Émilie Gamelin qui a fondé les Sœurs de la Providence, la bienheureuse Marie-Anne Blondin, fondatrice des Sœurs de Sainte-Anne, et tant d’autres. Plusieurs institutions de notre pays tirent leur origine du dévouement de personnes engagées dans la vie consacrée. Dans l’enseignement, la santé et les services sociaux, les pionniers ont été des hommes et des femmes qui avaient voué leur vie à la pauvreté, la chasteté et l’obéissance pour servir la communauté croyante et l’ensemble des résidents et résidentes sans égard à leur foi ou à leur origine ethnique. Leur témoignage, leur vie et leur service ont été façonnés et purifiés par la vie consacrée. 

 

Le Saint-Père nous appelle à vivre le présent avec passion. Nous ne pouvons nous cacher le fait que plusieurs instituts religieux traditionnels établis au Canada voient leurs effectifs diminuer à mesure que vieillissent leurs membres. Mais je suis émerveillé chaque fois que je visite des couvents qui ouvrent leurs portes aux pauvres et aux réfugiés, ou que je rencontre des religieux et des religieuses de tout âge qui continuent de se rendre chaque jour dans les paroisses, les centres communautaires ou les salles de réunion en esprit de service et avec amour. Je me réjouis de voir les nouvelles formes de vie consacrée grandir et s’exprimer au Canada : de jeunes hommes et de jeunes femmes s’engagent à suivre le Christ de près dans de petites communautés fortement intentionnelles; d’autres se consacrent en vertu de charismes particuliers; toutes et tous trouvent des façons originales de vivre l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui.

 

 

Enfin, le pape François nous propose d’embrasser l’avenir avec espérance. L’espérance est une vertu, une force intérieure que les femmes et les hommes consacrés injectent dans les situations désespérées parce qu’ils gardent les yeux fixés sur le Christ sans cesser de regarder notre monde avec amour. C’est dans ce contexte que je reprends les cinq invitations que nous lance le Pape :

 

1.      À être des témoins vivants de la joie de l’Évangile. La société canadienne, trop souvent obsédée par le bien-être matériel et les gratifications immédiates, a besoin de découvrir la source de la joie profonde et durable, une joie contagieuse et porteuse de vie.

 

2.      À être prophétiques. Les 50 ans qui ont suivi Vatican II ont vu les femmes et les hommes consacrés du Canada adopter une attitude prophétique dans l’Église et d’un bout à l’autre du pays. Comme le Pape le reconnaît, ce n’est pas un charisme facile à embrasser, mais c’est un charisme dont la société contemporaine continue d’avoir besoin. Les femmes et les hommes consacrés peuvent nous aider à « créer des espaces alternatifs où s’épanouisse l’approche évangélique du don de soi, de la fraternité, de l’accueil de la différence et de l’amour mutuel ».

 

3.      À créer la communion. Par la vie vécue dans la fraternité et la sororité, ouverte à tous ceux et celles qu’ils rencontrent, les femmes et les hommes consacrés nous invitent à dépasser la solitude qui est tant présente dans nos vies et d’essayer de vivre des relations ouvertes et marquées par la grâce qui construisent la communion.

 

4.      À aller aux périphéries. Les personnes consacrées peuvent guider l’Église du Canada par « des gestes concrets d’accueil des réfugiés, de proximité aux pauvres, de créativité dans la catéchèse, dans l’annonce de l’Évangile, dans l’initiation à la vie de prière ».

 

5.      À rechercher la volonté de Dieu. Comme pays, nous avons besoin de femmes et d’hommes consacrés pour comprendre ce que Dieu s’attend de nous. Que le problème soit la violence, les familles brisées, les crises écologiques ou l’injustice raciale; que nous recherchions le respect de la vie, la justice réparatrice, le développement durable ou un meilleur avenir pour nos Autochtones; que les défis soient d’envergure locale, nationale ou internationale : chaque fois, des femmes et des hommes consacrés, du fait de leur charisme et de leur engagement, peuvent nous aider à relever les défis qui se posent à nous de manière évangélique et avec plus d’humanité.

 

Enracinés dans la prière, nourris de la Parole, renouvelés par la liturgie, soutenus par la communauté, les femmes et les hommes consacrés ont été, sont aujourd’hui, et continueront d’être un don fait à toute l’Église du Canada et, de fait, à toute la société canadienne. Puisse cette Année de la vie consacrée nous aider à nous rappeler, à célébrer et à renouveler ce cadeau des plus précieux.

 

 

 

Au nom de mes frères évêques et au nom de tous les fidèles de notre pays, je veux vous remercier, vous qui, aujourd’hui, vivez la vie consacrée avec tant de générosité et dans la joie. Vous êtes pour nous une inspiration et vous nous aidez à suivre Notre Seigneur. Tout comme Marie et Joseph, Anne et Siméon ont reconnu la présence salvatrice de Dieu en Jésus quand il fut présenté au Temple, nos yeux s’ouvrent et nous sommes émerveillés de reconnaître en vous son visage et sa présence parmi nous.

 

 

+ Paul-André Durocher
Archevêque de Gatineau
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

 

Le 29 janvier 2015