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Journal Facebook de Mgr Simard

Date: 
Lundi, 8 mai, 2017 - 11:15

 

Messages de Mgr Noël Simard pendant la retraite des évêques du Québec à Rome

 

 

26 avril 2017

 

Salut cordial à toutes et tous!

 

Merci de vos messages et de vos prières! Je vis présentement une retraite exceptionnelle avec mes confrères évêques du Québec dans un lieu splendide avec vue sur le lac Albano et Castel Gandolfo.

 

Notre prédicateur, le père Servite de Marie Ermès Ronchi, est formidable mais aussi très interpellant. Il a prêché l'an passé la retraite à la curie romaine et au pape François. Son thème est de reprendre des questions posées par Jésus à ses auditeurs et auditrices, questions qui s'adressent aujourd'hui à nous.

 

Pour le père Ermès, les questions sont tout aussi, sinon plus importantes que les réponses. Pas étonnant que Jésus a posé plus de 220 questions dans ses nombreuses paraboles. Alors que les réponses définissent, les questions suggèrent et laissent place à l'ouverture et à la nouveauté. La première question que le père Ermès nous a proposée est: "Qui cherchez vous?" Par cette question fondamentale, Jésus nous fait comprendre que nous sommes en manque, et ce manque, c'est sans doute le manque de passion pour Dieu et pour son peuple.

 

Qui cherchez vous? Quel est ton désir profond? Jésus se fait l'interprète du désir et nous invite à descendre au plus profond de notre cœur pour écouter Dieu, notre frère, notre sœur ...pour Le laisser creuser notre soif, car Dieu a soif que nous ayons soif de Lui.

 

Chercheur de Dieu, je suis appelé à marcher. Pour qui suis-je en train de marcher? Si la vie procède par attraction et séduction, et non par obligation, suis-je séduit (e) par Dieu, par le Christ crucifié? Tout revient au cœur et si je marche pour Dieu, c'est qu'Il est captivant, libérateur et qu'Il me rend heureux.

 

Avec ma prière et à bientôt pour une autre question!

 

 

27 avril 2017

 

Salut chaleureux à tous et toutes même si aujourd'hui le temps est pluvieux et frais!

 

Dans son premier entretien, le père Ermès s'est attardé sur la question "Qui cherches-tu? La question qui ouvre la serrure du cœur. Dans deuxième entretien, le père Ermès s'est concentré sur la tempête apaisée avec la question "Pourquoi avoir peur?"

 

De quoi avons-nous peur? Du pauvre, du malade, du mourant, du persécuté, du réfugié? De Dieu? La peur de Dieu! Elle remonte au jardin d'Éden: l'être humain se cache parce que Dieu lui fait peur. C'est la pire des peurs d'où découlent toutes les peurs. Se tromper sur Dieu, c'est la pire des choses car nous nous trompons sur tout. A partir d'une image erronée de Dieu (redoutable, punisseur, etc.) naissent toutes les peurs... Alors que Dieu est vulnérable, qu'Il s'abandonne et qu'Il est Amour. Dans l'Évangile, on retrouve 365 fois "N'aie pas peur" C'est le bonjour de Dieu.

Dans la barque, Jésus s'endort. Combien de fois nous pensons que Dieu dort, qu'Il ne fait rien dans l'histoire. On voudrait qu'Il intervienne... Mais Il intervient: dans le courage partagé, dans le scruteur d'horizon, dans les rameurs qui s'épaulent et se soutiennent dans l'espérance. Oui Dieu se soucie de nous. Il s'intéresse à nous, mais Il compte sur notre coup de rame pour faire avancer la barque en haute mer et laisser la sécurité de la rive et du port.

 

Dieu me fait confiance et m'invite à la confiance, à cette foi qui me conduit à la mesure de Dieu. Cette foi se manifeste en trois temps: j'ai besoin, je me fie, je m'abandonne, et réside en un Dieu non d'abord omnipuissant mais « omni aimant ». Face à ce Dieu tout aimant, nous ne pouvons avoir peur et notre pédagogie se résume à ne pas avoir peur, ne pas faire peur et libérer de la peur, pour faire passer nos concitoyens de l'hostilité à l'hospitalité. Jésus est venu et vient pour calmer les tempêtes et nous sauver de tous nos naufrages. Notre place en Église n'est pas dans les réussites ou les sécurités du port mais en pleine mer et face aux vents contraires. La véritable formation ne consiste pas à enseigner les règles de la navigation mais de donner la passion et la liberté pour la haute mer...

 

N'ayons pas peur! Avec Jésus dans la barque de nos vies et celle de l'Église, nous nous dirigeons à bon port! Et le cri de la peur devient étreinte.

 

 

30 avril 2017

 

Un cordial bonjour,

 

La retraite est terminée mais les propos du père Ronchi continuent de questionner mon cœur.

 

Son troisième entretien portait sur la question que l'on retrouve en Mt 5,13: "Si le sel perd sa saveur, avec quoi le salera-t-on?" Son quatrième entretien était centré sur Lc 9,20 : "Et vous, que dites-vous que je suis?"

 

Je m'arrêterai sur cette question décisive qui n'attend pas un credo ni une formule mais une réponse du cœur, non une foi par procuration mais une réponse personnelle. C'est comme si Jésus me demandait: "Qu'est-ce qui s’est passé en toi quand tu m’as rencontré?" Est-ce la plus belle chose qui me soit arrivée et qui fait resplendir ma vie? Suis-je tombé en amour avec Dieu en accueillant Jésus dans ma vie? Mon cœur peut être le berceau ou le tombeau de Dieu. Est-ce que Jésus est bien vivant en moi? Est-ce qu'Il me fait vivre? Suis-je prêt à marcher avec Lui et à répondre aux rendez-vous qu'Il me donne sur la croix ou au lavement des pieds? Suis-je prêt à toucher les plaies du Crucifié, sachant que de ses plaies ne sont sorties ni rage ni rancune mais amour (sang) et innocence (eau)?

 

Qu'est-ce que Jésus est pour moi? Un amour crucifié, blessé, écrit avec l'alphabet des blessures, un amour désarmé, doux et indissoluble? Nous avons souvent déformé le visage du Christ et parlé de Jésus sans l'avoir rencontré. Seul peut parler celui, celle qui l'a rencontré. Et peut-être que, dans nos églises, on parle trop sans avoir été saisi par le Christ! Les fidèles, les gens veulent autre chose que des sermons; ils veulent entendre notre expérience de Dieu, ils veulent notre sel, notre saveur.

S'abandonner à Jésus, être saisi par Lui, c'est faire place à une vie transformée, transparente, une vie qui chasse la médiocrité, les masques, les mensonges..."Qui dites-vous que je suis?" Quelqu'un, le Fils de Dieu, qui rend mon cœur heureux...

 

9 mai 2017

 

De Rome, Mgr Simard écrit: «Ce matin nous (évêques du Québec) avons eu le bonheur de concélébrer avec le pape François dans la chapelle de la Domus Ste-Marthe où il réside. Après la messe, nous avons pu le saluer. Lorsque je lui ai donné la main je lui ai demandé de prier pour les victimes des inondations au Québec, spécialement pour celles du diocèse de Valleyfield qui sont nombreuses.


Je suis de très près la situation, et tout en vivant un sentiment d'impuissance, je demeure solidaire et je porte toutes ces personnes au coeur de ma prière.»

 

12 mai 2017

 

 

Chers amies et amis,


La visite ad limina s'achève; elle fut exceptionnelle avec des moments particuliers comme la rencontre avec le Pape et certains membres de la Curie la semaine dernière et qui a duré trois heures. À la fin de cette rencontre, le pape François a dit à l'Église du Québec et à nous tous: «Lève-toi, va, fais-toi proche, spécialement des petits et des pauvres, accueille et accompagne ceux et celles qui cherchent un sens à la vie et le bonheur; permets et facilite la rencontre avec Jésus ressuscité...»  Il y eut aussi la concélébration avec le Pape dans la chapelle de la Domus Santa Martha, l'audience avec le Saint-Père qui a duré deux heures, les célébrations à Saint-Pierre et aux basiliques majeures, etc . sans oublier le climat d'amitié et de fraternité entre nous... J'aurai l'occasion d'en parler plus longuement...


Je voudrais, dans le contexte de la tragédie des inondations, remercier tous ceux et celles qui se portent au secours des personnes sinistrées et rappeler que le peu que nous apportons peut faire toute une différence lorsque ce peu s'ajoute à celui des autres.


Le 5e entretien de notre retraite avec le père Ronchi portait sur la question  «Combien de pains avez-vous? (Mc 6,38)» du récit de la multiplication des pains. Aux apôtres qui disent à Jésus de renvoyer les gens pour qu'ils aillent s'acheter du pain, Jésus demande :  «Combien de pains avez-vous?» C'est à une opération de contrôle et de transparence qu'Il les invite, opération que, comme Eglise, nous sommes appelés à faire aujourd'hui. Quel est notre niveau de vie? Que faisons-nous de nos biens? Ce qui blesse la confiance et fait souffrir le pauvre, n'est-ce pas le brouillard qu'on répand sur cette question économique et la façon dont on délègue trop souvent à d'autres la responsabilité du partage. Ce que l'Eglise, ce que nous possédons devrait devenir sacrement de communion. 
N'ayons pas peur de donner le peu que nous avons, car, uni au peu des autres, il peut nourrir une foule; le peu devient suffisant et apporte sens et espoir. Devant les faims immenses du monde - et cette catastrophe des inondations nous place devant une autre faim - ce qui est requis, c'est le miracle du partage, ce levain qui fait lever un autre monde. 


J'ai hâte de retourner au Québec pour apporter mon humble soutien aux victimes des inondations et me joindre à cette foule de gens qui ouvrent leur coeur et leurs mains dans un geste de solidarité et d'amour, qui apportent ce peu qui, multiplié et transformé sous l'action du Seigneur, fait toute une différence. Je vous porte au coeur de ma prière.