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2018-B-Mc 10, 32-45- mercredi 8e semaine ordinaire-se perdre de vue

Année B : mercredi de la 8e semaine ordinaire (litbpo08me.18)  

Mc 10, 32-45 ; 1 Pi 1, 18-25 : se perdre de vue

Nous ne sommes pas encore totalement perdus à nous-mêmes. Nous ne le serons jamais parce que nous avons peur de nous perdre de vue. Et voilà bien le point central de cet épisode des fils de Zébédée. Quand nous entendons la question pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, nous songeons spontanément à celle de donner sa vie, celle du martyr. Nous songeons moins à nous perdre de vue, cette autre croix. Se perdre de vue est  une situation pénible et amère.   

Par sa question, pouvez-vous, Jésus désillusionne ses disciples. Il les ramène à cette réalité que le suivre n’est pas une croisière de luxe. Il fait passer les deux frères et leur mère de la logique d’une vie mondaine, de la logique des titres et des honneurs, à la logique évangélique, celle du dépouillement. De la logique d’ambitions du pouvoir, de la puissance, de la souveraineté (cf. Ep 1, 21), du culte de la personnalité à celle plus évangélique d’être aspiré vers le plus bas. De la logique de nous dépouiller des vêtements qui entravent notre marche à celle de revêtir le service du tablier.

Pouvez-vous passer, leur demande Jésus, de la recherche de vos intérêts personnels à ceux de mon Père ?  Pouvez-vous me suivre plutôt que de mousser votre candidature ? Sa question laisse deviner que ses deux disciples qu’il a pourtant choisis vivent d’illusions. Il leur dit subtilement que sa parole n’a pas encore atteint leur cœur. Ils sont remplis d’illusions. Ils se voient tellement importants qu’ils regardent les autres d’en haut, recherchent les postes d’honneur. Ils vivent en hypocrites. Ils entendent Jésus, mais leur cœur est  fermé.  

Jésus ne reproche pas à Jacques et Jean, de très proches collaborateurs, leur demande. Ce n’est pas dans ses gênes  de les condamner. Il les conduit à vivre ce passage pascal d’un projet humain comme celui de monter plus haut, à son projet divin d’abaissement. Si Jacques et Jean ont quitté instantanément leur père et sa barque à sa demande (cf. Mt 4, 21), ils gardent un attachement à leur mère qui les contrôle, les garde sous sa jupe, dirions-nous. Elle a pour eux de grandes ambitions. Elle aussi vit d’illusions.

Par ses mots «pouvez-vous?», il présente une demande à se déposséder de leur mère; et il invite la mère à vraiment «donner» ses fils.  Celui qui veut me suivre, qu’il quitte père, mère, à cause de moi (cf. Mt 19, 29; Lc 14, 26). De les donner jusqu’à boire à sa coupe, cette semence impérissable (1 Pi 1, 23) dont parle Pierre dans la lecture.

Peut-être désirent-ils se perdre de vue; mais perdre de vue leur mère, la décevoir en refusant sa demande pour eux, les deux frères ne semblent pas disposés à cela. Une question : suivent-ils Jésus pour plaire à leur mère comme certains acceptaient la prêtrise pour ne pas décevoir leur mère ? Sont-ils vraiment libres face à leur mère ?  Questions : et nous suivons-nous Jésus par intérêt personnel ? Donnons-nous tout à Jésus à condition que ça ne nous coûte pas cher?

Jésus ne demande pas à Jacques et Jean de tenir bon dans leur choix de le suivre, il leur demande de consentir à se perdre de vue. D’être lui pour qu’il soit eux. D’accepter ce qui est humainement inacceptable, de consentir le plus sereinement possible à ne plus exister pour eux-mêmes. De ne plus vivre d’illusions.

N’exister totalement que pour un autre est l’essentiel de tout disciple. C’est humainement impossible sans la grâce de Dieu. Le danger du pélagianisme, rappelle le pape dans son exhortation sur la sainteté, est très actuel (cf. nos 47 à 49). Nous  comptons beaucoup sur nous-mêmes. Pourtant, suivre Jésus, c’est compter sur lui, sur sa grâce. Il faut  dépendre entièrement de nous pour dépendre entièrement de lui.

À votre contemplation : chantons, sans oublier nos failles, que nous désirons glorifier le Seigneur, le célébrer, le faire régner en nous (Ps 147) plutôt que de nous glorifier, nous célébrer, de nous voir tout contrôler.  Amen.

Évangile: 
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Date: 
Mardi, 1 mai, 2018

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