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2017-B-Lc 1, 57-66- samedi 3e semaine AVENT- zacharie ou voir autrement le quotidien

Année B : samedi de la 3e semaine Avent (litba03s.17)

Luc 1, 57-66 : Zacharie; et voir autrement notre quotidien

Ce matin, il faut entendre  une voix, celle-là même qu’a entendue Zacharie dans le temple. Une voix qui, au-delà de toute attente, lui annonce qu’il aura un fils, qu’il le nommera Jean (ce qui signifie Dieu fait grâce), et qui sera annonciateur d’une autre voix.  Cette autre voix est loin d’être un parler pour parler. Loin d’être pur potin sur untel ni du genre de ces flots de paroles qu’on échange entre amis.

Cette autre voix provient d’avant la création du monde et a fait surgir la force qui nous sauve dans la maison de David, son serviteur (Lc 1, 68). Cette voix de l’ange, annonciatrice d’une autre voix, a tellement mis sens dessus dessous le saint homme dans sa prière cultuelle qu’elle ajouta: sois sans crainte, Zacharie. Cette voix a dérangé, perturbé sa quiétude, dissipé sa joie d’être dans le Saint des Saints. En lui annonçant qu’il aura un fils, précurseur de l’arrivée de la promesse, cette voix a tellement contesté sa propre foi qu’il en perdit la voix. Quand aujourd’hui on entend cette voix, nous aussi devenons sans voix tant elle nous dérange et ébranle si elle est écoutée dans sa profondeur.

Notons-le, cette voix, Zacharie l’a entendue au cœur de son quotidien, au cœur de son métier de grand prêtre. C’est aussi au cœur de son banal quotidien que Marie fut surprise par un visiteur inattendu. L’inédit de Dieu est de faire entendre son projet pour l’humanité au milieu de nos marmites (Thérèse d’Avila), au milieu des courses d’avant Noël. C’est là que retentit encore aujourd’hui cette voix.

Et que fait Zacharie en retrouvant la voix. Il clame la réalisation de la promesse. Le temps du silence est terminé, commence le temps de la parole. Celle de bénir Dieu, de proclamer la sainteté de son nom, la puissance de sa volonté et la réalisation de son règne. La louange est et sera toujours un chemin qui fait voir l’arrivée d’un astre nouveau.

 

La psychologie invite à pratiquer la gratitude comme chemin pour voir autrement le réel que nous vivons. Etty Hillesum, sur le chemin d’Auschwitz, écrivait : pourtant, je trouve cette vie belle et riche de sens. Elle voyait bien l’horreur, mais se refusait au milieu des barbelés de ne pas voir qu’au fond de mon cœur, il y a encore le soleil des jours d’été. On appelle ça du recadrage positif. Savons-nous chaque jour, chaque soir, recenser les bons moments de nos journées jusqu’à les rédiger, si nécessaire, dans un carnet de gratitude[1] ? Ça peut changer nos vies.

Zacharie nous invite à comprendre que Dieu nous visite même quand nous sommes dans le noir. Plutôt que de se laisser foudroyer par des remue-ménages intérieurs qui le troublent, Zacharie se fait louange. https://ci5.googleusercontent.com/proxy/xOTibaAn-k1Ct1cJxXlVnA0lEU72KCu4uOKpS96ecr7_Sk9XJGdfczlDP5khGTGobY_yjyRg6XbUAr6ws5Zb5okqk5fQAMrj2eAfylTMH7ux1VralUKSsTM=s0-d-e1-ft#http://static.avent.retraitedanslaville.org/images/mails/spacer.gifMarie dans son magnificat adopte la même attitude. Dieu a la capacité de faire surgir de la lumière dans nos vies. En adoptant une attitude d’émerveillement sur ce qui nous arrive, nous nous délivrons de nos retournements sur nous-mêmes.

En donnant un nom à l’enfant dont personne ne porte, Zacharie sort de l’enfermement où il était confiné et qui le paralysait. Il refuse de vivre emmuré dans la tradition de sa famille. Sa manière de voir large, de s’ouvrir à la nouveauté, a bousculé son entourage. Il est un modèle de réussite en faisant surgir la lumière quand rien ne va plus ou quand nous avons la tendance à laisser les ombres de notre passé obscurcir notre regard.

À quelques heures de Noël, la liturgie nous invite à reconnaître que Dieu, comme il l’a fait pour Jean-Baptiste,   a déterminé de me créer, moi, et non pas simplement un être de plus. Il a résolu de me créer, moi, tel que je suis […] le moi par lequel les autres me connaissent, ce moi différent de tout autre qui ait été créé jusqu’ici et qui le sera dans l’avenir (William Faber).

Noël est proche. Décelons l’astre d’en haut qui vient mettre de la lumière dans notre quotidien. AMEN.

 

[1] Voir l’excellent livre sur le sujet de Pascal Ide, Puissance de la gratitude, Éd. Emmanuel, 2017.

 

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Date: 
Mercredi, 1 novembre, 2017

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