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2017-A-Mt 8, 28-34- mercredi 13e semaine ordinaire- suis-je un possédé ?

Année A: mercredi de la 13e semaine ordinaire (litao13me.17)

Mt 8, 28-34, Ps 33(34), Gn 21, 5-8-20 : qu'est-ce que je possède et qui me possède aussi ?

Un pauvre crie, le Seigneur entend; c'est ce que  nous venons d'exprimer dans l'acclamation. Quand ils virent Jésus, ils se mirent à crier (Mt 8, 29), dit Matthieu. Surgit en moi cette question, mais qui est ce pauvre qui crie? Quel est son visage ?  Qui sont ces possédés tellement dangereux que personne ne peut s'approcher d'eux tant ils sont agressifs ?

Une réponse spontanée serait d'identifier ce pauvre à ceux qui vivent dans un manque financier évident, ceux qui manquent du nécessaire, de pain, d'un logement convenable, d'un travail qui donne de la dignité. Il serait cet enfant de la guerre. Bref, ceux et celles dont la dignité est bafouée.

Mais ce pauvre qui crie, s'il était aussi ces possédés dont parle l'évangile, tous ces Lazare enfermés dans leur tombeau tant ils sont affligés d'un mal de vivre physique, psychologique ou spirituel qui les taraude, brime leur quotidien et emprisonne toute joie de vivre.  N'allons pas croire un seul instant que nous ne sommes pas ces possédés. Ce mal, qu'il soit une mal-faute, un mal-malheur ou encore un mal-déséquilibre pour citer le théologien Adolphe Gesché[1],  nous affecte tous à différents niveaux.

Ce pauvre qui crie, ce possédé qui crache son agressivité, c'est celui qui est étouffé depuis des années dans son tombeau, désespérant de ne jamais rencontrer quelqu'un capable de lui faire entendre un autre cri: Sors dehors (Jn 11,29). Ce pauvre est repoussant, tant il sent, a dit Marthe à Jésus, parce qu'enfermé depuis des mois, des années, dans un tombeau dont il ne peut par lui-même enlever la pierre. Mais le psaume ajoute au verset suivant, et c'est rassurant, que l'ange du Seigneur campe autour d'eux pour les libérer. Pour enlever la pierre.

De nombreuses personnes vivent enfermées, parce qu'elles sont possédées par un diable dont le nom est fermeture du cœur qui empêche de reconnaître la poutre dans leurs yeux (cf. Mt 7, 1-5), fermeture de leur bourse qui éloigne de la logique du partage et de l'amour, fermeture de la parole qui tait les inégalités scandaleuses entre nous.

Oui, être possédé par quelque chose, c'est devenir insensible à la parole de Dieu, indifférent à la misère du monde, froid devant la maladie et la souffrance qui nous entoure. Ce mal-là est tellement enraciné dans l'humain que les disciples se voyaient démunis pour le chasser des cœurs.

La première lecture nous présente un chemin de sortie de nos enfermements, celui de se mettre en route comme Abraham, de quitter notre pays, c'est-à-dire nos attachements à nous-mêmes, pour nous rendre jusqu'à Sichem, ce lieu où un étranger frappera à notre porte et qui, si nous l'accueillons, nous annoncera une très bonne nouvelle. L'an prochain, je reviendrai et tu seras délivré de toi.

Que ce soit cette mal-faute, ce mal-malheur ou encore ce mal-déséquilibre, le chemin de sortie que l'évangile nomme la résurrection, entrainera toujours une rupture, une brisure, une sortie, une distance avec ce quelque chose en nous que nous protégeons comme la prunelle de nos yeux tant il nous tient à coeur, mais qui nous isole des autres et qui nous rend tellement malheureux.

Puissions-nous rencontrer ce quelqu'un qui nous offre d'envoyer dans les porcs ce qui emprisonne nos vies. Et ce pauvre qui crie, si c'était chacun de nous. AMEN.

  

[1] Gesché, Adolphe, Le mal, Dieu pour penser, vol. 1, Cerf, Paris, 1993, p. 120, cité par Thériault, Stefan, Revivre comme la Lazare, éd. Salvator, Paris 2016. Ce livre m'a beaucoup inspiré pour cette réflexion.

 

Évangile: 
Année: 
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Date: 
Jeudi, 1 juin, 2017

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