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2016-C-Jn 1, 19-28 - samedi de Noël -être des prophètes de la beauté de Dieu

Année C: samedi de Noël (litcn00s.16)
Jean 1, 19-28 : être des prophètes de la beauté de Dieu

Il voit ce que le Tout-Puissant lui fait voir. Il tombe en extase et ses yeux s'ouvrirent (Nb 24, 4). Ces mots sont d'un prophète païen, Balaam, qui était pourtant venu pour maudire Israël. Mais le regard de Dieu en lui était plus pénétrant que son regard qui ne voyait que destruction. Ces mots pourraient aussi être ceux de notre peuple aujourd'hui.

Regard pénétrant que celui de Jean. Il voit mais de près, alors que le prophète Balaam voyait de loin. Il voit pour aujourd'hui. À l'étonnement général de ses disciples, son regard perce l'opacité de l'inconnu qui au milieu de la foule, s'avance vers lui. Avec une rapidité désarmante, il se refuse de se voir important. D'être une célébrité.

Pour Jean, cette attitude n'est pas une question d'humilité mais de réalisme. Il se sait un être de passage, seulement une lampe (Jn 5, 35). Il sait que la Parole est plus que la voix. Je ne suis pas. Déclaration négative et inimaginable pour des disciples aveuglés par cette étrange sortie de 30 ans de vie dans le désert. Ce «sorteux» du désert, ne veut pas qu'on lui porte attention. Il invite à guetter l'aurore.

Appel à un changement de cap. Appel à inverser leur regard. Il leur dit subtilement qu'un prophète est toujours celui qui voit ce que les autres ne voient pas. Dans les mots d'un poète de notre époque, Edgar Morin, Jean leur annonce que les nuits du monde sont enceintes et [que] nous ne savons pas ce qui va naître. L'évangile traduit cela ainsi : Au milieu de vous, se tient celui que vous ne connaissez pas ; Il vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de ses sandales (v. 27). 

Au lieu de prêter attention aux rumeurs sur le Messie attendu, Jean fait voir Jésus non pour se glorifier mais pour le servir (Augustin). Son regard pénétrant rejoint ces mots du psaume : Il dominera depuis la mer jusqu'à une autre mer, et du fleuve jusqu'aux extrémités de la terre (71, 8). Il appelle nos regards à percevoir que les nuits du monde, les tragédies inimaginables dont l'horreur nous écrase, sont enceintes et nous ne savons pas ce qui va naître.

Tel Isaïe annonçant que la terre fait éclore ses germes et qu’un jardin fait germer ses semences (Is 61,11) ; tel Jean-Baptiste invitant à voir un plus grand que lui marchant incognito dans la foule : Au milieu de vous, se tient celui que vous ne connaissez pas (Jn 1, 17) ; tels nous sommes : des veilleurs d'espérance et, comme le pape François nous y invite, des réveilleurs de joie. Des réveilleurs d'espérance et non pas des veilleurs auprès d'un moribond dont nous attendons le dernier souffle ou déjà refroidi par la mort. Nous sommes des guetteurs de vie et non de mort.

Au cœur de ces festivités de Noël, la liturgie nous éveille à garder ce regard prophétique, ce regard de Jean pour voir la beauté de Dieu. Nous sommes, baptisés, moniales, les prophètes de la beauté de Dieu. Ne nous laissons pas voler cette mission. L'accueil des réfugiés confirme notre capacité de transformer des tragédies en fête de renaissance. Il faut des femmes et des femmes capables d'entendre la provocation de l'évangile comme le demandait le pape aux évêques de Madagascar (cf. 28/03/14). Au milieu de nos nuits, une lumière ne s'éteindra jamais.

À ceux qui demandaient à Jean-Baptiste que devons-nous faire (Lc 3, 10-18), il a suggéré une autre question: non pas que devons-nous faire mais plutôt demandons-nous, comme Marie, qui nous sommes pour être visités par Dieu ? Que sommes-nous pour être enceintes de Quelqu'un dont ne savons pas qui il est ?

Nous ne savons peut-être pas qui est Jésus, mais en nous offrant son baptême, Jésus vient faire de nous des petites merveilles. Dieu vient habiter en nous et nous fait habiter en lui. Merveilleux échanges. Le menteur n'est-il pas celui qui refuse d'admettre (Jn 2, 22) ce merveilleux échange ? Accorde-nous, Seigneur, de reconnaître ta vérité pour que cette échange merveilleux imprègne nos vies (Oraison). AMEN.

 

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Date: 
Mardi, 1 décembre, 2015

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