2010 -C- Lundi 30e semaine ordinaire -Lc 13, 10-17 ; Ep 4, 32 : être brasse-camarade, cherchez à imiter Dieu

Lundi de la trentième semaine du Temps ordinaire (litco30l.10)
Lc 13, 10-17 ; Ep 4, 32 : être brasse-camarade,  cherchez à imiter Dieu

Il y a des actions qui parlent autant que la parole parle. En agissant comme il vient de le faire, Jésus, si nous portons vraiment attention à son geste, nous dit quelque chose de lui-même et sur nous-mêmes aussi. Quelque chose qui risque de nous déranger, de nous remuer jusqu’aux os. Il nous brasse la cage, dirions-nous aujourd’hui. Jésus, parce que contemplatif non seulement de son Père mais de notre nature profonde, voit les choses à l’envers ou plutôt il voit à l’endroit ce que nous voyons à l’envers. Jésus voit dans le comportement du chef de la synagogue un monde à l’envers qui doit être remis à l’endroit.

Il décèle dans la manière d’agir et de parler des hommes religieux qui l’entourent,  qu’ils parlent et agissent en tout pour leur propre gloire. Dans ce qu’ils disent et ce qu’ils font, la loi n’est qu’un prétexte pour chercher leur bien personnel aux dépens des autres. Ils essaient de tirer de chaque situation des avantages pour eux-mêmes. Jésus observe que les croyants de son temps n’agissent que pour les choses d’en-bas incapables qu’ils sont, comme la femme courbée, toute inclinée vers le bas, de regarder en haut (Lc 13, 11).  De tout temps, le poids de nos fragilités nous fait pencher vers les réalités d’en bas, vers nos «moi».

Ce matin, son attitude nous éveille à chercher d’abord (Mt 6, 33) à donner de la profondeur à notre agir, à nos regards. Grand contemplatif de l’humain, Jésus a été toute sa vie un franc-tireur qui a utilisé toutes les occasions qui lui étaient offertes pour montrer qu’il est pleinement humain, qu’il voit à l’endroit ce que nous voyons à l’envers. Jésus sait voir la beauté d’une vie à l’endroit.  

Le regard de Jésus mettait sans dessus dessous une société où les statuts sociaux reposaient sur une pratique toute extérieure de la loi. Jésus, et en cela nous percevons la profondeur de son union mystique avec le Père, a été, toute sa vie, intraitable quand il s’agissait de l’égalité entre tous les humains. Il s’est refusé à privilégier  l’observation de la loi au détriment du bien-être tant spirituel que physique de cette femme. Jésus avait en tête,  au risque de sa vie, de remettre à l’endroit l’establishment religieux de son temps.

Nous n’imaginons pas assez comment l’impact d’un tel renversement de perspective  pouvait choquer.  Jésus a ébranlé une observance légaliste et en a révélé les contradictions. N’est-il pas  vrai que le jour du sabbat chacun de vous détache de la mangeoire son bœuf ? Et cette femme n’est-il pas vrai que le jour du sabbat il fallait la délivrer de ce lien ?

Le mystique Jean Tauler écrivait que lorsque l’homme tient ces dispositions [ne pas chercher son bien personnel en toute chose], ne recherchant, ne voulant, ne désirant [qu’agir] comme Dieu, il est lui-même le royaume de Dieu et Dieu règne en lui. Quiconque prend Jésus au sérieux, veut le suivre doit devenir assez courageux pour remettre à l’endroit ce qui est à l’envers ou remettre à l’envers ce qui est considéré comme à l’endroit.

Saintetés, cherchez à imiter Dieu puisque vous êtes ses enfants bien-aimés (Ep 5,1).Il ne s’agit pas d’un prêche moralisateur de la part de Paul, mais d’un appel à ne pas attrister l’Esprit (Ep 4, 30)de nouveauté, de «brasse-camarade» dont nous sommes revêtus. Les premiers chrétiens s’identifiaient comme les adeptes de la Voie (Ac 9, 2).  Ils étaient, en mettant tout en commun, des «brasses-camarades».  Questions : cet esprit sans dessus dessous que Jésus manifeste est-il le nôtre ? Mettons-nous notre société sans dessus dessous par nos regards à l’envers ? Sommes-nous des mystiques – le mystique ne se contente pas de croire – qui faisons chaque jour l’expérience de remettre sans dessus dessous des convictions qui semblent immuables comme celle de vivre pour l’acquisition des choses d’en bas, de vivre recourbés vers le bas ? Nous sommes plus facilement à l’envers de voir notre société à l’envers que de mettre à l’envers notre société.

À votre contemplation : la spiritualité du disciple est celle de voir tout à l’envers : devenir bons les uns pour les autres, avoir le cœur à sa place. Nous sommes des «engendrés de Dieu» pour agir comme Lui. Ce n’est pas acquis une fois pour toutes. Devenir bon, accueillant, demeurer en état de «brasse-camarade» pour porter la marque de l’Esprit. Autrefois nous n’étiez que ténèbres; maintenant vous êtes devenus lumière; vivez comme des fils de la lumière (Ep 5, 8). AMEN.

 

 

 

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Date: 
Vendredi, 1 octobre, 2010

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