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2013 - C- Lc, 12, 35-40 - Funérailles d'un confrère Dieu choisit des gens pas compliqués

HOMÉLIE PRONONCÉE LORS DU DÉCÈS D'UN CONFRÈRE PRÊTRE.
(Luc 12, 35-40)  Dieu choisit des gens pas compliqués

Le 17 juin 1954, Marcel, étendu devant l'autel,  répondait à l’appel du Christ authentifié par l’évêque : Me voici,  envoie-moi proclamer l’Évangile et célébrer les sacrements à la suite des apôtres. Aujourd’hui, 58 ans plus tard, Marcel, étendu encore devant cet autel, dit au Christ : Reçois-moi ! Et nous, à ses côtés nous prions le Seigneur : Reçois-le Seigneur, avec la même miséricorde que tu lui as prodiguée tout au long de sa vie.

Nous pouvons appliquer à Marcel ce qu'exprimait une femme Inuit, interrogée sur ce qu'elle pensait de la mort,  Tu me demandes ce que c'est que mourir, je n'en sais rien, je n'ai appris qu'à vivre ! Si nous ne pouvons pas, dit saint Augustin, éviter la mort, nous pouvons bien vivre sa vie.

Bien vivre sa vie. Marcel a bien vécu sa vie en humant ses origines modestes qu'il n'a jamais reniées ni passé sous silence non plus. Comme les apôtres, dont la renommée était d'être des hommes de la mer et non d'habiles rhéteurs, la renommée de Marcel fut d'être un homme de la terre et non un illustre orateur. La terre fut en filigrane  de toutes ses prises de parole. Elle en a buriné toute sa vie. 

Marcel n'était pas le plus grand des théologiens. Des intellectuels de notre temps. Il ne se faisait pas d'illusion sur lui-même. Ne se prenait pas pour un autre. Ce n’est pas de ce coté qu’il nous  faut nous laisser instruire par cette vie, mais plutôt du coté de ses origines. De son identité profonde. Marcel appartient à la grande famille de ces «tout-petits», de ces gens tout simples qui mieux que les plus grands rhéteurs ont compris que le message de Jésus parle plus fort par le coeur que par la tête. Avec ses failles et ses manques, il a pu développer le meilleur de lui-même grâce à l’amour de Jésus qui brûlait son cœur. Avec ce qu'il était, il s'est tenu en habit de service. Il a aimé son Église, sa paroisse Saint-Pie X où il a consacré la majeure partie de son ministère.

À l'heure où tout se complexifie, Marcel opposait un regard qui simplifiait tout, peut-être trop, diront certains.  Il savait que Dieu, son Dieu sur qui il fixait son regard, était un Dieu de grande simplicité qui savait parler le langage des siens, utiliser les images de son temps. Il savait que Dieu habite les cœurs simples. Heureux les cœurs simples. Sa parabole privilégiée, me disait-il dans un de nos échanges à ta table à la Maison Émard, était celle du grain de blé qui meurt et qui donne beaucoup de fruits. Et des fruits, Marcel en voyait partout. Il trouvait beau tout ce qui se cache dans le cœur humain.

Fils de la terre, sa disponibilité était légendaire. Il était un homme de visitation. Sans gêne, il ne craignait pas s'adresser à tout le monde qu'il savait interpeller à l'occasion. Il savait faire enfanter l'espoir. Il voyait de la vie en gestation dans toutes les situations. Marqué de l'empreinte de la ruralité, il connaissait tout le monde. Sa mémoire des noms était vertigineuse. Il se trouvait de la parenté dans toutes personnes qu'il rencontrait.

Vie simple. Ces derniers temps Marcel se disait heureux dans sa poustinia très modeste, qui était à son image, me disait-il.  Il se contentait de peu mais ne manquait de rien. Comme mélodie de fond - Marcel semblait fuir le silence - il écoutait Radio Ville-Marie, son poste préféré, qui était sa nourriture substantielle. Le  Magnificat était son livre de chevet qui nourrissait aussi ses brèves homélies, j'ajoute en simplifiant beaucoup le texte. Sa priorité des derniers mois, outre ses journées de golf, était son rendez-vous quotidien avec le chapelet tous les soirs à 18hrs 30, je crois,  même s'il lui arrivait de sommeiller, voire de s'endormir profondément avant la fin. 

Sa manière de vivre fut une série d'épiphanies de Dieu à notre monde. D'un Dieu simple, accueillant. Épiphanie fraternelle à travers ses nombreux contacts. Épiphanie de miséricorde dans son regard qu'il posait sur les plus désorientés de la vie qu'il savait accueillir et qu'il me référait quand il ne savait plus comment les aider.  Épiphanie d'un disciple de l'Étoile selon l’expression de frère Christophe de Tibhirine, de l'Étoile qui a guidé toute sa vie.  Épiphanie d'une vie offrande, d'une vie offerte depuis ce jour ou prosterné devant l'autel, il se donnait au Dieu de sa foi dans le sacerdoce, ce sacrement de l'inexistence de soi (Maurice Zundel). Marcel aurait certainement signé ce que disait un enfant de 7 ans qui, questionné sur le sens de la mort, donna cette réponse : La mort, c'est la vie que l'on donne après avoir tout donné.

Heureux le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Que cette promesse maintenant s'accomplisse pour Marcel qui a vécu jour après jour, année après année, le premier verset de notre Évangile : restez en tenue de service, gardez vos lampes allumées. Marcel a été un serviteur en état de disponibilité, d'hospitalité en rendant son presbytère accessible à des confrères. Homme d'une foi simple, il a longuement, à sa façon, veillé et prié au pied de Jésus.

Nous lui offrons maintenant à notre tour le service de cette eucharistie en priant le Christ de l'accueillir à la table de son eucharistie sans fin. AMEN. 

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Mardi, 1 janvier, 2013

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