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Adieu d'un curé

Date: 
Lundi, 24 août, 2015 - 14:15
Témoignage de l'équipe de pastorale de la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal lors du départ de l'abbé Richard Wallot, en août 2015, suivi du témoignage de ce dernier, incluant une lettre de Mgr Noël Simard.

 

 

Dimanche 26 juillet 2015 :

 

(Eh oui!)  Après 23 ans comme curé de notre paroisse, et plus de 50 ans de vie sacerdotale, Richard nous quitte pour une ‘préretraite ’ bien méritée.

 

Peu de temps après le décès de l’abbé Serge Vinet, n’écoutant que ton cœur de pasteur tu commences à venir nous apprivoiser en faisant du ministère dominical. Eh oui, nous étions une paroisse orpheline. Donc,  en 1992, tu quittes définitivement ton poste de vicaire épiscopal pour venir travailler sur le terrain comme tu disais si bien. Tu réponds à l’appel du Seigneur celui d’exercer un rôle plus direct auprès des paroissiens.

 

Notre paroisse alors appelée Sainte-Rose-de-Lima était ton choix. Tu l’as toujours dit d’ailleurs et je le cite : « En arrivant à la paroisse Sainte-Rose-de-Lima en 1991, je suis tombé amoureux avec le milieu. C’était le genre d’église dont je rêvais. » Non pas un milieu de riche, mais un milieu te travailleurs, de gens ordinaires, et soyons réaliste de pauvres aussi.

 

 Pasteur et homme de foi. Une de tes grandes préoccupations est de transmettre la foi en ce Dieu d’amour et de miséricorde que tu aimes tant et à qui tu as donné ta vie.

 

Quoi de mieux que de commencer par les jeunes. Il y avait dans la paroisse une équipe de préparation au baptême pour laquelle tu étais présent. La population de ta paroisse augmente rapidement tu as besoin d’aide. Tu demandes à Mgr Lebel un mandat spécial pour avoir un ministre extraordinaire du baptême : “une femme”. Ce ministère je l’exerce encore aujourd’hui avec fierté et reconnaissance.  Les enfants grandissent il faut soutenir leur foi la fortifier…  C’est le rôle  du service d’Initiation Sacramentel qui existait déjà. Avec le temps et les années il est devenu ce que nous connaissons aujourd’hui.  Pasteur qui a les deux pieds sur terre tu as toujours été présent pour nous aider spécialement au moment de ce grand virage où nous avons été obligés de quitter les écoles. Je me souviens des nombreuses fois où tu venais pendant les  catéchèses uniquement pour parler aux jeunes. Ne passons pas sous silence la semaine des JMJ, moment où des familles des trois paroisses de l’Île ont accueilli des jeunes français de la Provence (peu chère)

 

Pasteur au cœur ouvert à ceux qui souffrent. Que dire de l’accueil que tu fais aux personnes endeuillées? Je le sais pour l’avoir fait quelquefois avec toi.  Et tu sais toujours passer sous silence les nombreuses fois où tu es allé rencontrer les personnes dans leur foyer ou sur leur lit d’hôpital .  Pasteur au cœur miséricordieux. Les pauvres et souvent les itinérants sont aussi une de tes grandes préoccupations. Il y a le comptoir, mais il faudrait faire plus…   Voilà que l’Esprit Saint te donne de l’aide, Fernand notre diacre permanent.       

 

De nombreux bénévoles, dont plusieurs parmi vous dans l’assemblée, ont côtoyé Richard au cours de ces 23 années. Ensemble, nous avons bâti, rénové, nous nous sommes adaptés aux changements dans notre société qui ont conduit à la fusion de deux paroisses de l’île en 2007,  nous avons fait face à l’abandon de l’enseignement religieux dans les écoles en 2008 pour former notre propre lieu de formation. Des réalisations comme le Comptoir qui a pris de l’expansion, l’aide alimentaire et la Guignolée nous ont aussi permis d’être présents aux plus démunis.

 

 Homme de foi et de prière tu sais prendre le temps de te ressourcer, condition indispensable si tu veux continuer ta mission. “Richard, nous nous souviendrons aussi de tes homélies parfois longues.. mais combien enrichissantes” !

 

Comme dans toutes les unions, il y a eu de beaux moments, mais aussi des moments difficiles, des moments de tensions. Mais le travail d’équipe et le respect de l’autre ont toujours primé, en sorte qu’aujourd’hui nous pouvons nous enorgueillir avec Richard du travail accompli.

 

 La paroisse, aujourd’hui devenue Sainte-Jeanne-de-Chantal, peut s’enorgueillir d’être l’une des plus dynamiques de notre diocèse. D’ailleurs, suite à sa visite pastorale en mai dernier, notre évêque nous écrivait pour dire ceci : «Bravo et merci pour cette volonté d’être une Église locale missionnaire et ‘sorteuse’, en dialogue et soucieuse de faire croitre la foi et la charité en son sein…».

 

Richard,  tu n’es pas étranger à ce bel accomplissement qui couronne des années d’engagement et de loyauté même si tu insistes pour dire que c’est là le fruit d’un travail de l’Esprit Saint et du travail d’équipe dont tu es si fier. Pour toutes ces années et pour cette paroisse que tu laisses en si grande vitalité, nous te disons merci et nous prions pour que ta route soit remplie de bénédiction et de joies profondes dans le Christ auquel tu as consacré ta vie.

 

Tu pars, mais tu restes proche. Tu vas encore résider dans ton île de prédilection. Tu pars, mais tu ne nous laisses pas seuls, car un jeune pasteur vient bientôt prendre la relève et c’est un peu grâce à toi aussi.

 

Encore une fois, nous te souhaitons une bonne et sainte route.

 

L’équipe pastorale.

 

 

 

 

MESSAGE DE RICHARD WALLOT AUX PAROISSIENS DE SAINTE-JEANNE-DE-CHANTAL

à l’occasion de son départ comme curé de la paroisse, dans le cadre de la messe dominicale du 26 juillet 2015, (17e Dimanche du Temps ordinaire B)

 

INTRODUCTION À LA PAROLE DE DIEU

 

Un curé, un pasteur, c’est d’abord Dieu qui prend soin de son peuple et le nourrit : autrefois, d’abord par ses prophètes et ses apôtres, mais, surtout par son Fils, Jésus le Christ, qui a nourri les foules, et qui, avant de mourir, nous a laissé l’Eucharistie en héritage. Le miracle des pains partagés que nous propose l’évangile d’aujourd’hui est un signe raconté cinq fois dans les évangiles et, après la Résurrection de Jésus,  il a été perçu comme une annonce de l’Eucharistie.

 

Aujourd’hui, et au cours des quatre dimanches suivants, nous allons donc parcourir de grands extraits du chapitre 6 de l’évangéliste saint Jean qui contiennent le récit de la multiplication des pains et l’enseignement de Jésus sur le Pain de vie.

 

En effet, l’Eucharistie, la messe, c’est le centre, la source et le sommet de la vie d’une paroisse comme de celle de l’Église. C’est notre nourriture vitale qui rejoint nos faims profondes de vie et de bonheur et qui nous engage au service des autres.

 

L’Eucharistie, c’est d’abord le repas du Seigneur qui vient rassembler tous ses disciples, gratuitement et sans distinction, puisque nous formons la famille de Jésus, la famille de Dieu. C’est bon de se retrouver entre frères et sœurs le dimanche!

 

Jésus nous y partage ensuite sa Parole, une parole bonne comme du bon pain : elle vient combler les faims profondes de l’humanité. Le Pain de vie dont parle Jésus, c’est d’abord sa Parole, sa personne. Il est, Lui, le Pain vivant descendu du ciel, et sa Parole est une véritable nourriture.

 

Le Pain de vie, Jésus nous dira aussi qu’il est « sa chair donnée pour que le monde ait la vie »; nous proclamons sa mort par amour pour nous, une mort qui reçoit sa fécondité de la résurrection. L’Eucharistie, la messe, c’est Pâques qui continue de transformer le monde.

 

 

Quand nous écoutons la Parole de Dieu, c’est Jésus que nous goûtons, c’est la bonté de Dieu qui nourrit notre cœur et notre esprit. Quand nous prenons et mangeons le Pain de vie, c’est Jésus qui fait de nous « un seul cœur et une seule âme ». Nous sommes en communion avec Lui et avec nos frères et sœurs. C’est un Pain de vie éternelle qui nourrit nos forces d’aimer.

 

Enfin, le Pain de vie, c’est Jésus qui vient sauver l’humanité entière et qui nous envoie au monde comme ferments d’une humanité nouvelle, fondée sur la fraternité, la paix, le partage, le service des autres, surtout des plus pauvres. L’eucharistie fait de nous une Église « sorteuse »!

 

Quelle richesse que la messe, quel cadeau que l’Eucharistie dans la vie des croyantes et des croyants! Quel trésor que l’Eucharistie qui façonne un monde nouveau! Comme curé, j’ai toujours eu à cœur de vous offrir, avec mes collaborateurs et collaboratrices, des Eucharisties nourrissantes. Mettons-nous maintenant à l’école de Jésus qui nous parle aujourd’hui.

 

 

HOMÉLIE

 

Que pourrais-je vous dire au bout de ces vingt et quelques années passées au milieu de vous?... C’est beaucoup d’émotions, beaucoup de bons souvenirs, beaucoup de gratitude, et tant d’amitiés aussi.

 

Les curés passent, l’Église demeure. Le prêtre est avant tout un serviteur, serviteur du Christ et de l’Église, serviteur de la Bonne Nouvelle. Jésus nous appelle parfois des « serviteurs quelconques », et pourtant essentiels. Saint Paul écrivait que l’un sème, l’autre arrose, mais c’est Dieu qui donne la croissance. Ainsi, en est-il d’un curé. Je suis passé parmi vous toutes ces années, mais notre communauté paroissiale est vivante et en santé. Elle poursuivra sa vie et sa mission.

 

Je n’ai pas l’intention d’énumérer tout ce que j’ai pu ou voulu faire. Le meilleur message, pour cette messe de départ du curé que j’ai été, c’est la belle lettre que notre évêque, Mgr Noël Simard, nous a fait parvenir en reconnaissance pour la visite pastorale qu’il a accomplie chez nous. Je crois que cette lettre, datée du 9 juillet, dit tout, et je veux vous la lire :

 

« Cher Richard,

 

En retard, je viens te remercier de tout cœur pour l’hospitalité très chaleureuse que l’équipe de pastorale, le comité organisateur, les paroissiens et paroissiennes, les bénévoles, les représentants des autorités civiles, les mouvements, les organisations tant séculières que religieuses, et toi-même m’avez réservée lors de ma visite pastorale dans la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal.

 

Tout avait été bien planifié et préparé pour cette visite qui m’a permis, non seulement de mieux connaître et aimer les gens de ce beau coin du diocèse, mais aussi de constater la vitalité d’une paroisse bien ancrée dans la Parole de Dieu, la fraternité, la prière et le service du monde.

 

J’ai pu – ainsi que l’abbé André Lafleur – apprécier les efforts vraiment exceptionnels et louables qui sont faits pour que la paroisse et les deux communautés qui la composent soient des lieux dynamiques et vibrants de célébration, d’approfondissement de la foi, d’engagement chrétien et d’ardeur missionnaire.

 

Bravo et merci pour cette volonté d’être une Église locale missionnaire et « sorteuse », en dialogue, et soucieuse de faire croître la foi et la charité en son sein, mais aussi de creuser le désir de Dieu dans une société qui cherche un sens à la vie et ses raisons d’être!

 

Bien sûr de nombreux défis ont été manifestés et qui nécessitent des virages et des projets innovateurs et prophétiques pour faire Église autrement, comme : la relève, l’organisation de l’unité pastorale sur l’ile Perrot, la place et l’engagement des jeunes et des familles, la recherche de fonds, en un mot, les ressources humaines et financières essentielles au développement de la paroisse.

 

J’ai vraiment goûté les moments (partagés) avec les membres des conseils municipaux, les rencontres avec les marguilliers, le Conseil de Vie Pastorale, avec le personnel  pastoral et administratif, avec les jeunes qui ont été confirmés, avec les secrétaires bénévoles et bien sûr le temps si précieux avec l’équipe de pastorale et les catéchètes.

 

Les repas partagés et les goûters, spécialement le diner communautaire du dimanche et celui de la fondation de Sainte-Jeanne-de-Chantal, la rencontre avec les bénévoles du « comptoir » (…) Ste-Rose, la visite de Sanivac, la bénédiction des motocyclettes et le lancement de la baladodiffusion à l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal, ce fleuron de notre patrimoine religieux, ont été particulièrement source de joie et d’espérance. Plus que jamais il nous faut, dans nos paroisses, des événements qui manifestent que notre Église est bien de ce monde, et qu’elle est une Église « sorteuse ».

 

Bravo aussi pour les célébrations vivantes, bien préparées, et faisant appel à la participation de l’assemblée qui était priante et joyeuse! Puisse l’Esprit du Seigneur continuer de souffler dans la paroisse un vent de jeunesse, de dynamisme et d’engagement pour le bien de ses membres et celui du diocèse!

 

Puisse le Seigneur veiller sur les jeunes comme les moins jeunes, sur les malades, les personnes blessées dans leur intelligence, sur toutes les familles de la paroisse, sur les personnes engagées ou non, sur le personnel pastoral et de soutien, sur les bénévoles et sur ceux et celles qui ont à cœur de bâtir le Royaume de justice et d’amour de Dieu « en ce pays qui est le nôtre »!

 

Transmets à tous et toutes, et spécialement aux marguilliers, au président d’assemblée et au gérant de fabrique, à l’équipe de pastorale, au diacre Fernand Dallaire et son épouse Ginette, à Christian Emond, à Lise Choquette, à Anne-Marie Dalcourt et Sonia Kavcic, aux prêtres de soutien, au personnel administratif et à tous les bénévoles, l’expression de toute ma gratitude et l’assurance de ma prière!

 

Et finalement un immense merci à toi pour avoir été pendant toutes ces années ce pasteur dévoué, accueillant, compatissant, proche des gens qui lui sont confiés, et qui a su faire appel à leur collaboration et développer un esprit de fraternité et d’entraide dans le respect de chacun et l’appréciation de leurs talents et qualités.  Tu aimes ta paroisse et les paroissiens et paroissiennes te le rendent bien en te manifestant tout leur amour et leur affection, ce qui est pour moi une source de joie et de réconfort. Et cela je l’ai constaté aussi lors de la fête de ton cinquantième anniversaire d’ordination sacerdotale.

 

Que le Seigneur bénisse la paroisse de Sainte-Jeanne-de-Chantal!

 

Fraternellement en Jésus,

† Mgr Noël

 

J’étais fier pour vous de cette lettre. Vous êtes « la plus belle paroisse » du diocèse! Je termine par quelques brèves recommandations :

 

1.    Mgr Simard montre bien que ce qui se vit ici, ce n’est pas d’abord ni uniquement l’affaire du curé. C’est ensemble que nous avons vécu, réalisé, bâti des activités, des projets, des services, en y faisant participer le plus de gens possible. Une paroisse, ce n’est jamais l’affaire d’un clan ou d’une chasse-gardée. Plus il y aura, dans chaque église, des gens qui s’impliqueront avec votre futur curé, plus la paroisse sera vivante. Et aucune de vos églises ne fermera tant que vous vous y impliquerez vous-mêmes.

 

2.    Un curé ne fait jamais l’unanimité. Mais, avec ses forces et ses faiblesses, il est l’envoyé de Dieu parmi vous. Si, de quelque manière, j’ai pu vous blesser ou vous contrarier, je vous en demande sincèrement pardon… Cependant, rappelez-vous que ce n’est pas facile de remplacer un curé apprécié. Chacun doit faire son deuil : celui qui s’en va, bien sûr, mais aussi ceux qui restent. Dans une paroisse, il n’y a qu’un seul curé, un seul chef au nom du Christ. Accueillez et attachez-vous loyalement à votre prochain curé, Nicola : aimez-le, entourez-le, invitez-le : c’est votre frère, vous êtes sa famille. Il aura un style différent du mien : qu’il en soit ainsi, et ne comptez pas sur moi pour lui transmettre vos commentaires! Nicola, c’est Dieu qui vous l’envoie.

 

3.    Pour ma part, je continuerai de résider à L’Île-Perrot et j’essaierai d’être un bon paroissien, discret, et disponible au besoin, même si ma priorité sera le service de la paroisse Saint-Michel de Vaudreuil qui a besoin de mes services. Les liens d’amitié créés resteront toujours, mais avant de me demander, demandez toujours d’abord à Nicola. C’est lui votre pasteur et il en sera un bon.

 

4.    Enfin, merci, merci, merci pour tout. Ce furent les plus belles années de ma vie, la moitié, en fait, de mes années de ministère. Je rends grâce à Dieu pour la ferveur de votre foi, la générosité de vos talents, la charité active que vous manifestez, notamment avec les nouveaux arrivants et les pauvres d’ici et du monde.

 

Je rends grâce à Dieu pour les très précieux collaborateurs et collaboratrices qu’il m’a donnés, que ce soit pour la pastorale ou pour l’administration. Je lui demande de vous combler encore de ses bénédictions, et de susciter de nouvelles vocations. Qu’il veille sur Nicolas et sur vous tous! Et que chaque Eucharistie dominicale continue d’être de belles retrouvailles autour du Seigneur Jésus, notre Pain de Vie. Amen!

 

 

Richard Wallot,
Curé