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2018-B-Mt 12, 1-8 -vendredi 15e semaine ordinaire - une religion façade

Année B : vendredi de la 15e semaine ordinaire (litbo15v.18)  

Mt 12, 1-8 : une religion de façade

  Nous assimilons souvent la religion comme tout ce qui s’y rapporte, à un effort, à un ensemble d’obligations.  Si je comprends bien l’évangile de ce matin, Jésus nous invite à prendre des vacances de la religion entendue comme des choses à faire.  À n’en pas douter, en ne ramenant pas ses disciples à l’ordre, Jésus fâche et irrite au plus haut point les leaders religieux qui insistaient sur mille et une prescriptions plus tatillonnes les unes que les autres. Eux qui passaient des heures à scruter les Écritures négligeaient les simples petites joies de la vie, comme manger de bonnes choses, même le sabbat. 

Pour nous photographier notre évangile, alors qu’il occupait la charge de provincial des jésuites argentins, le pape François utilisait l’image de la cité. Nous sommes encouragés à édifier la cité, mais peut-être nous faudra-t-il briser la maquette que nous nous étions construite dans notre tête. Nous devons être courageux et laisser le ciseau de Dieu remodeler notre visage, même si ses coups effacent certains tics que nous prenions pour des gestes. (Spadaro Antonio, des chemins de réformes, Ed. Parole et Silence, 2018, p 8). Il faut distinguer entre des tics religieux et des gestes religieux. Jésus a combattu l’existence de tics qui n’étaient pas religieux parce que posés sans amour. Quelqu’un a appelé ces comportements des hérésies intra-ecclésiales.

Ce matin, plutôt que de nous étonner de voir autour de Jésus, autour de nos églises, des gens qui se contentent de tics, de bien faire ce qui est prescrit, demandons-nous si sommes émerveillés par le refus de Jésus de privilégier une pratique religieuse de façade ? Sommes-nous émerveillés d’entendre que la forme extérieure de toute pratique de religion ne suffit pas? Elle peut même être hypocrite. Sommes-nous capables de faire briller au maximum les façades, surtout quand elle cache des failles importantes. Notre Église connaît aussi cette tentation.   

Jésus réagit mal à cette mode d’accorder beaucoup d’importance aux apparences. Les façades peuvent impressionner. Nous sommes des spécialistes de l’entretien des façades et portons moins d’attention à la détérioration de la qualité de la vie qu’elles cachent. Les mirages d’une belle façade atténuent et nous détournent d’une vie de foi authentique, vraie. Nous pouvons vivre notre foi en mode illusion en nous faisant des accroires. Tous, nous avons des façades, posons des gestes rituels de façades qui engendrent beaucoup d’illusion et qui faussent la réalité sur nous-mêmes.  

Jésus questionne cette pratique religieuse avec tellement d’habileté que personne n’osait plus l’interroger, dit Marc (cf. 12, 34). Ne lisons pas cet évangile pour les autres. L’attitude de Jésus nous interpelle au plus haut point. Nous avons-nous aussi nos tics. Sur quoi attachons-nous de l’importance ? Avons-nous les yeux fixés sur ce qui a toujours été fait comme ça ou sommes-nous assis dans un confortable fauteuil, pour citer le pape François (discours du 2/5/17) ? Jean XXIII posait le même diagnostic que Jésus en ouverture du concile :   nous ne sommes pas sur terre pour protéger un musée, mais pour entretenir un jardin florissant.

Dans son exhortation à la sainteté (no 104), le pape François dans un style très clair, écrit : nous pourrions penser que nous rendons gloire à Dieu […] uniquement en respectant certaines normes éthiques […] et nous oublions que le critère pour évaluer notre vie est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres.[…].  Notre culte plaît à Dieu quand nous y mettons la volonté de vivre avec générosité […] dans le don de nous-mêmes aux frères.

Question : ce qui est important pour nous pourrait-il recevoir l’imprimatur de Jésus ? Le message de Matthieu n’est pas compliqué : acceptons de vivre maladroitement ce que nous célébrons plutôt que de nous placer en situation d’infidélité en focalisant sur l’extérieur.

Il ne nous est pas demandé d’êtres immaculés, mais plutôt que nous soyons toujours en croissance, que nous vivions le désir profond de progresser sur «la voie de l’évangile et que nous ne baissions pas les bras (La joie de l’évangile, no 151). Ne faisons pas «comme si». Notre sainteté ne se mesure pas à la hauteur dont nous élevons les yeux à la consécration ou à la manière dont nous les baissons.

Que d’illusions nous avons ! L’illusion de la perfection, l’illusion de la maîtrise de soi, l’illusion de savoir mieux que les autres. L'épuisement professionnel est souvent la conséquence de beaucoup d’illusions qui faussent la réalité. Il désillusionne et ramène les deux pieds sur terre.

Ne nous contentons pas  de bien respecter le rituel. Nous risquerions de nous illusionner sur l'authenticité de notre foi.  Je reprends, en terminant, ces mots que Jésus adressait à Judas et qui s’adressent aussi à chacun d’entre nous. Mon ami, pour quelle raison es-tu venu ici ? AMEN.

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Vendredi, 1 juin, 2018

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