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2013 - C- Mc 16, 9-15- Funérailles d'une dame de 96 ans véritable vitamine C de la foi

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La mort, c'est la vie qui se recueille, recueillons-nous (Magdaleth)

Pour vous, une parole qui vient du coeur, du coeur de l'Évangile, du coeur de la foi, de cette foi qui a jalonné la manière de vivre de Gilberte. Pour vous, une parole qui parle à votre coeur  : je suis le Vivant, j'étais mort me voici vivant pour les siècles (Ap, 1, 17-18). Dit en des mots d'aujourd'hui, cela veut dire nous sommes fiancés à une mort qui transforme nos vies en allégresse d'une fête nuptiale. 

Gilberte avait deux passions dans sa vie: celle de se retrouver autour d'une table familiale entourer des siens Colette, Rémi, France, leurs conjoints et leurs enfants. C'était pour elle une grande joie. Elle était une bonne cuisinière. Celle aussi de se retrouver chaque dimanche autour d'une autre table, celle que je lui offre maintenant, l'Eucharistie. Comme l'exprimait dimanche dernier le pape François, elle n'avait pas peur d'être chrétienne. Augustin précisait : nous ne sommes pas seulement chrétiens, nous sommes le Christ lui-même.

Et nous sommes ici maintenant en croyants, en chrétiens,  pour inaugurer son passage à une autre table : celle de sa foi en une eucharistie sans fin.

En ouvrant ce temps d'élévation- élevons nos coeurs - je vous offre de projeter sur ce départ des yeux de Pâques, de porter un regard qui sauve (Simone Weil). Des yeux de Pâques pour voir que nos jours s'en vont mais Dieu offre de les prolonger en les faisant entrer dans Le sien (Augustin Guillerand).

Pour vous, je fais mien ces mots de Claire d'assise qui disait à la veille de sa mort, et cela résume tout le sens de que Gilberte donnait à sa vie et cela ramasse aussi le sens que nous donnons à ce rendez-vous d'a-dieu : Je te bénie de m'avoir créée.

Commence maintenant une eucharistie inaugurale d'une eucharistie sans fin. Qu'il est grand ce mystère de la foi qui transforme la mort en plénitude de vie.

HOMÉLIE: (Mc 16, 9-15)


Pas facile de croire. Et pourtant, c'est un non sens, un déshonneur à la vie que d'affirmer que nous venons de rien pour aller vers rien. Pas facile d'affirmer que la vie n'est pas détruite par la mort, mais transformée. Ce qui était vrai hier pour les apôtres, l'est aussi aujourd'hui. Mais devant le doute de Thomas dimanche dernier, Jésus n'a pas paniqué. Le doute ne fait pas paniquer Jésus. Il ne souffre pas d'impulsivité. Il est patient. On me dit chante Fred Pellerin que le doute, c'est le bon Dieu qui clignote.

Avec notre peu de foi, avec nos doutes, vous et moi, nous sommes mandatés, choisis pour aller dans le monde entier proclamer à toute la création cette nouvelleétonnante, inouïe : Nous ne sommes pas nés que pour mourir. Nous sommes nés pour vivre. Nous sommes nés pour re-naître. La foi nous permet de voir, d'ouvrir les yeux, d'élargir notre regard. Un Père de l'Église disait qu'il faut voir dans ces cendres, des cendres divinisés, une espèce de vie nouvelle.

Ce temps pascal que nous vivons comme croyants nous place devant une mise en demeure de donner une réponse claire, par notre manière de vivre, à la question suivante: que choisir ? La mort ou la vie ?  Sommes-nous des êtres pour la vie ou pour la mort ?

Si nous affirmons entièrement et non à moitié que nous choisissons la vie et non la mort, nous exprimons, que nous le sachions ou pas, ce que Pâques signifie pour nous. Si nous affirmons que nous choisissons la vie, nous pouvons clamer ce dernier mot de toute l'histoire humaine  : Christ est ressuscité. Comme si ce n'était pas suffisant, la 1ière lecture précisait: vous êtes ressuscités avec le Christ (Col 3, 1).

François, évêque de Rome, vient de nous dire dans son message pascal : Comme je voudrais que cette parole atteigne tous les cœurs, parce que c’est là que Dieu veut semer cette Bonne Nouvelle. Cette parole a atteint en plein coeur toute la vie de Gilberte, elle qui voulait demeurer dans une résidence où il y avait une chapelle.

Comme je souhaiterais aujourd'hui que cette parole Christ est ressuscité et son corolaire vous êtes ressuscités avec le Christ, pénètre dans nos coeurs de croyants qui se questionnent sur la foi.Si le Christ n'est pas ressuscité, notre foi est vaine (1 Cor 15, 14). Nous croyons pour rien. Nous sommes chrétiens pour rien.

Pâques, c'est quelque chose qui est arrivé à Jésus (Joseph Moingt). C'est quelque chose qui nous arrive. Et ce quelque chose, c'est de retrouver notre dignité originel, notre dignité de fils de Dieu que nous avons perdu (François). Au matin de Pâques, Jésus était tellement humain parfait, tellement revêtu de la plénitude d'un humain accompli, qu'on ne l'a pas reconnu. Il était méconnaissable tant il était devenu créature nouvelle.

Pour le croyant, Pâques, c'est la mort de la mort qui n'est plus une fin que l'on voit mais le commencement d'un repos bienfaisant (st Ambroise). Pâques, c'est Dieu qui offre à nos jours qui s'en vont de les prolonger en les faisant entrer dans Le sien (Augustin Guillerand). Pâques nous affranchit de la mort et dans le mystère de sa résurrection chacun de nous est déjà ressuscité (Préface). Mais disait l'évêque émérite de Rome, Benoît XV1, nous avons peine à croire en cette vie éternelle. Le pape François se demandait jeudi dernier que signifie être sauvé pour nous ?

Cette femme Gilberte, femme lucide, déterminée, m'a-ton dit, a connu une manière pascale de vivre. Toute sa vie, elle fut une sorte de vitamine C de la foi, cette vitamine qui énergise par l'intérieur. Vitaminée par sa foi, Gilberte a été une femme pleine de vie. Joyeuse, sereine qui n'avait pas peur d'être chrétienne, qui n'avait pas honte de sa foi. De son Église malgré ses imperfections nombreuses que nous voyons plus que sa beauté. Sa manière de vivre publiait les merveilles d'une vie de foi. Elle s'appliquait ces paroles de Maurice Zundel, ce mystique du siècle dernier pour qui le vrai problème n’est pas de savoir si nous vivrons après la mort, mais si nous sommes vivants avant la mort. Cette femme aurait pu signer ce que disait une femme inuit questionnée sur la mort : je n'ai appris qu'à vivre.  

Elle savait recevoir à sa table, s'arrêter comme le bon samaritain pour aider les tombés de la vie. Elle savait projeter le regard aimant du Père prodigue qui ne discriminait pas, ne jugeait pas. Son regard était pénétrant.  Vitamine C de la foi mais aussi  une belle porte (Ac3,1) de la foi pour reprendre la lettre de BenoîtXV1 annonçant l'année de la foi.
Pour conclure cette méditation sur la mort de  Gilberte, je fais mien ces mots d'un frère-moine Christophe de Tibhirine que rapportait le film des dieux et des hommes :  Je suis [déjà] ressuscité, je peux [donc] mourir ! AMEN

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Date: 
Dimanche, 1 septembre, 2013

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