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Recherche dans les textes de "À lire pour vivre"

2012 -B- funérailles : Jn 12, 24-26 La dernière classe, professeur d'école- -

HOMÉLIE: Jean 12, 24-26-

Nos sociétés écrit Jacques Attali sont de plus en plus fondées sur l'éphémère, privilégiant le court terme et l'immédiat, laissant l'homme dans le vide total face à la seule question que le concerne : qu'est-ce qui arrive après la mort ? Nos sociétés n'apportent à cette question qu'une seule réponse : la distraction...pour nous éviter de penser à la seule question qui nous concerne : l'éternité.

Un poète exprimait que La nuit n'est jamais complète. Il y a toujours au bout du chagrin une fenêtre ouverte. Une fenêtre éclairée. Il y a toujours un rêve qui veille, un désir à combler, une faim à satisfaire (Paul Éluard). L'évangile vient de nous dire : si le grain de blé ne meure... Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur (lecture).

La contemplation de ces textes devraient nous ravir pour peu que nous sachions par des exercices de réchauffement, comme les athlètes le font chaque jour, en faire des paroles de feu qui nous réchauffent le cœur. Paroles de feu : Il rendra nos corps semblables à son corps glorieux (Ph 3, 21)et, ajoute saint Bernard, il emplira d'honneur ce vase (nos corps) si faible aujourd'hui. Paroles de feu : Aujourd’hui dans notre mort est semée la vie clame les 1ière vêpres de Noël. Mais ce feu ne prend pas si nous n'y mettons pas un peu du nôtre par des exercices de réchauffement. Si nous ne laissons pas mijoter, repasser (Claudel)ces paroles en nous,  jusqu'à ce qu'elles habitent en nous.

C'est pour relever le défi du sens de la vie que nous sommes ici à la demande d'Yves. C'est pour relever le défi de nous émerveiller qu'il nous offre sa dernière classe pour entendre qu'au commencement ce n'était pas parce qu'il avait besoin de l'homme que Dieu a modelé Adam, mais pour avoir quelqu'un en qui déposer ses bienfaits, sa lumière (saint Irénée de Lyon). François d'Assise dans son Cantique des cantiques avait compris cette beauté-là  quand il chantait : loué soi-tu pour notre soeur la mort.

Cette recherche de ce sens de la beauté de la vie a habité Yves au cours des derniers mois. Malgré sa souffrance, il s'est refusé de se dérober et je cite une formule d'Albert Camus, à l'implacable grandeur de la vie qu'il a puisé dans sa foi. 

Un jour du temps, il y eut un homme, Jésus, sans auréole, dénigré de sa naissance à sa mort, dont les faits et gestes sont encore à déchiffrer et qui est venu nous montrer une manière de vivre qui ouvre sur une plénitude de vie. Il clamait à la samaritaine assoiffée d'une vie pleine : je le suis, moi, qui te parle.

Devant ces cendres, se cache une manière de vivre qui fait sens, qui ouvre sur la Vie. Yves aurait pu signer ce qu’exprimait une femme Inuit qui questionnée sur ce qu’elle pensait de la mort, répondit : Tu me demandes ce que c’est que mourir, je n’en sais rien, je n’ai appris qu’à vivre ! Comme époux, père, enseignant, directeur d'école, Yves n'avait qu'un désir : bien faire l'homme pour citer le romancier Montaigne. Ne pas mourir disait saint Augustin, c'est impossible, mais bien vivre - donner du sens à notre vie -  c'est possible. Le vrai problème n'est pas de savoir si nous vivrons après la mort écrivait Maurice Zundel, ce grand «voyant» du siècle dernier, mais si nous serons vivants avant la mort.

Yves n’a appris qu’à vivre...à la mode de Dieu. Mais qu’est-ce que vivre ? Toutes les philosophies, toutes les religions indiquent différents chemins, différentes réponses. Jésus nous en a montré le chemin qui s'arrête en Dieu, celui du service. Je suis venu pour servir et non pour être servi (Mt 20, 28).  Servir, c'est être décollé de nous-mêmes (Zundel). Servir, c'est ne plus s’appartenir. Nous sommes loin de ce qu’un dramaturge anglais Noel Coward, exprimait à un ami qu’il revoyait après plusieurs années de séparation : nous n’avons pas assez de temps pour parler de nous deux, alors parlons de moi.

Yves s’est tenu en habit de service (Lc 12, 35-38). En état de grain de blé qui se donne. Il nous lègue ce fruit juteux d’une vie de bonté, d’empathie, de présence nourrissante, de solidarité, d'éducateur authentique. La porte de son bureau comme de sa résidence était toujours ouverte pour accompagner des jeunes en besoin d’un coup de pouce. Elle était ouverte pour aider son Église qui faisait appel à lui. Elle était ouverte pour dépanner des confrères en recherche d’un maître mathématicien. Et durant plus de 30 ans, soit depuis les débuts de la fondation dont je m’occupe et dont il était membre, Yves ne m’a jamais refusé son appui, son aide. Il avait plaisir à faire plaisir. Il avait plaisir à donner.  Ces derniers temps, les yeux remplis de perles fines qui coulaient sur son visage appuyé sur Paule, il vivait les petits bonheurs quotidiens, une journée à la fois. Il était en état d'appréciation permanente. D'émerveillement permanent. Nous pleurons un véritable GPS qui offrait une direction sans l’imposer – (paradoxe, heureusement que Paule était à ses côtés parce qu’il avait toujours des problèmes à connaître sa route).
  
Désormais une espèce de vie nouvelle (Père de l'Église) est sienne. Nous sommes ici pour lui offrir le salut par en haut qu’est cette célébration en reconnaissance pour le salut par en bas qu'est le service qu'il nous a offert sa vie durant.
  
Comme j’aimerais ce matin que nous soyons en état de foi, en état d’espérance jusqu'à nous passer la parole pour humer que cette mort amorce un commencement nouveau. La plus grande des merveilles, la merveille des merveilles, c'est que nous humains, sommes conviés à laisser briller en nous la lumière sans fin (Ps 26).Il y a du sens à dire que la vie a du sens quand on va vers la Vie. Un jour dit l'Apocalypse (21, 3-4), je ferai toutes choses nouvelles ; Dieu sera avec les humains ; il sera leur Dieu ; il essuiera toute larme de leurs yeux ; il n'y aura plus de mort ; il n'y aura plus ni deuil, ni lamentations, ni douleur ... je fais toutes choses nouvelles. Je ne vous impose pas ces paroles. Je les dépose dans vos cœurs où se trouvent mélangés questions, espoirs, doutes.

Le Père Christophe de Tibhirine ce moine assassiné en Algérie et dont le film des hommes et des dieux à ravi la planète disait peu de temps avant son martyre : je suis ressuscité, je peux mourir.

Je termine par ces mots d'un poète, dont le nom m’échappe :
Quelqu'un meurt et c'est comme des pas qui s'arrêtent. Mais si c'était un départ pour un nouveau voyage ?
Quelqu'un meurt et c'est comme une porte qui claque. Mais si c'était un passage s'ouvrant sur d'autres passages ?
Quelqu'un meurt et c'est comme un arbre qui tombe. Mais si c'était une graine germant dans une terre nouvelle ?
Quelqu'un meurt et c'est comme un silence qui hurle. Mais s'il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie ? 

Une eucharistie qui nous prépare à nous voir des invités à une eucharistie sans fin où dans ta demeure nous vivrons près de toi pour toujours. AMEN.

 

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Dimanche, 1 avril, 2012

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