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50e ans de sacerdoce pour l'abbé Richard Wallot

Date: 
Mardi, 16 décembre, 2014 - 10:00

 

MESSAGE DE REMERCIEMENT ET TÉMOIGNAGE, à l’occasion du 50e  anniversaire de l’ordination presbytérale de Richard Wallot, le 14 décembre 2014, à l’église Sainte-Rose-de-Lima de L’Île-Perrot, et au Carrefour Notre-Dame de Notre-Dame-de-L’Île-Perrot

 

« Comment rendrais-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait » (Psaume 115, 12) depuis cinquante ans, et la joie que vous me faites aujourd’hui par votre présence? J’en suis très touché, très ému. Je vous remercie de votre affection. Merci de votre solidarité dans l’action de grâces.

 

Ce que nous célébrons aujourd’hui, ce n’est pas un pauvre homme qui ne méritait pas autant d’attention, mais plutôt, à travers moi, et bien au-delà de moi, la fidélité et la tendresse d’un Dieu présent à son Peuple. Dieu est fidèle. « Il m’a aimé et s’est livré pour moi » disait saint Paul. Il ne m’a jamais lâché. Il ne me lâche pas, et il ne me lâchera pas.

 

Un serviteur, un frère, l’ami de l’Époux…

 

Un prêtre, c’est un serviteur, l’humble signe de Dieu qui, dans sa bienveillance, est toujours la source de vie et de tendresse pour son peuple. Comme l’exprime un chant que j’aime bien, « Les mains ouvertes devant toi » (Odette Vercruysse): comme prêtre, je me perçois comme un petit « frère », un « ruisseau » disponible, un « simple chemin devant (vos) pas ».

 

Ou encore, selon les mots mêmes de Jean le Baptiste, dans l’évangile de Jean, comme prêtre, je me perçois comme « l’Ami de l’Époux » (Jean 3,29) qui cherche à rapprocher le Christ de son Épouse, c’est-à-dire, les femmes et les hommes d’aujourd’hui. Je ne suis qu’un frère qui cherche à vous faire connaitre et aimer « quelqu’un au milieu de vous que vous ne connaissez pas » (Jean 1,26).

 

Prêtre de Vatican II

 

Lorsque j’ai été ordonné prêtre le 12 décembre 1964 dans la Cathédrale Sainte-Cécile de Valleyfield, notre évêque d’alors, Mgr Percival Caza rentrait tout juste de la troisième session du Concile œcuménique de Vatican II. On y avait défini l’Église comme le Peuple de Dieu, et, un an plus tôt, on avait affirmé que l’Eucharistie présidée par l’Évêque était l’expression privilégiée de sa réalité mystérieuse. C’est ce que nous vivons aujourd’hui.

 

Oui, je suis un « prêtre de Vatican II », et fier de l’être : aujourd’hui, nous venons d’en vivre une belle expérience! Je suis un prêtre heureux! Non seulement aujourd’hui, mais depuis cinquante ans :

 

·         Heureux d’aimer et de servir le Christ « qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Galates 2,20).

 

·         Heureux de servir dans une Église diocésaine dont les évêques m’ont toujours accordé leur confiance.

 

·         Heureux de servir dans une région pastorale qui est « la plus belle du diocèse », car nous formons une belle équipe de femmes et d’hommes, prêtres, laïcs et diacres, dans la collaboration et l’amitié, en particulier avec mes deux confrères jubilaires, Laurier Farmer et Gilles Bergeron.

 

·         Heureux d’avoir été inspiré par des prêtres remarquables, et d’être soutenu depuis trente ans par un réseau fraternel de prêtres qui partagent avec moi le même idéal, dans l’esprit du bienheureux Charles de Foucauld, « à cause de Jésus et de l’Évangile » (Marc 10,29). Mon équipe est représentée aujourd’hui par Guy Bouillé, Yvon Pépin et Yves Bégin…

 

·         Heureux d’être ici à l’île Perrot, devenue mon chez-nous, mon chez-moi. Ici, je contemple tous les jours la bonté des gens, et le dévouement gratuit de tant de personnes qui ont à cœur d’aider leurs proches, et de prendre soin des plus petits du milieu.

 

·         Heureux enfin d’être en bonne santé pour continuer à rendre service dans l’avenir, mais autrement, à la mesure de mes forces, avec moins de responsabilités sans doute, mais en continuant d’y mettre mon cœur et ma foi.

 

Un bon départ…

Ce n’est pas de ma faute si je fus ordonné un 12 décembre en 1964 : j’étais trop jeune à ma sortie du grand-séminaire, à 22 ans pile; il m’a donc fallu une autorisation spéciale de Rome pour être ordonné, autorisation que Mgr Percival Caza, mon évêque d’alors, avait rapportée à son retour du Concile Vatican II.

 

Le délai d’attente ne fut pas inutile car il me permit d’accomplir un stage comme diacre (probablement le premier du genre dans le diocèse!), tout en entreprenant mes premières tâches pastorales comme secrétaires de mes évêques, Mgr Caza et Mgr Langlois; cela m’a aussi permis, de faire mes premiers pas en animation pastorale et en catéchèse au Jardin de l’Enfance des Sœurs de la Providence à Valleyfield, là où était née ma vocation quand j’étais enfant.

 

C’était l’année où l’on introduisait la « nouvelle catéchèse » qui remplaçait l’enseignement du Petit catéchisme du Québec par un éveil spirituel des enfants et des parents fondé sur la Parole de Dieu et la prière inspirée de la liturgie. Quel beau départ de ministère : on passait d’une foi inculquée à une foi intériorisée! De plus, ce travail auprès de mes évêques me permit de connaître les prêtres du diocèse et toutes les paroisses. Mon patron immédiat était Mgr Hozaël Aganier, le vicaire général, qui fut la cheville ouvrière de la mise en œuvre du Concile Vatican II dans le diocèse. Il fut un très  bon patron. Mgr Aganier vient de nous quitter, à l’âge de cent ans.

 

Je ne veux surtout pas oublier cet élément de mon stage que fut mon insertion dans l’équipe de liturgie de la paroisse Saint-Louis-de-Gonzague, peut-être la première équipe du genre au Québec à l’époque : s’y retrouvait un curé et un vicaire, mais surtout des couples ou des personnes de la paroisse qui voulaient que la liturgie parle, soit belle et vivante pour le monde ordinaire, et permette aux gens d’y participer activement de diverses façons.

 

Ce fut pour moi  un bain d’Église Peuple de Dieu, une expérience pratique de partage ecclésial et de célébration dans une Église Peuple de Dieu, et surtout de vraie fraternité. « Vous êtes tous frères » disait Jésus (Matthieu 23,8). J’y ai gagné de grands amis dont certains sont encore parmi nous aujourd’hui : quelle chance, quelle grâce ce fut pour moi! Dieu en soit béni! Cette expérience fut confirmée lorsque deux ans plus tard, je participais à la fondation du mouvement de l’ACLÉ avec des jeunes de St-Louis et de Ste-Barbe, et au niveau diocésain.

 

« Et la vie était la lumière des hommes… »

 

Dans le Prologue de son évangile, saint Jean nous dit que « le Verbe, la Parole de Dieu était la vie, et que la vie  était la lumière des hommes » (Jean 1, 4). La vie comme lumière, c’était ce que j’avais besoin de découvrir au sortir de douze ans de bonnes études intellectuelles et théologiques qui m’avaient bardé d’idées et  convictions : il me restait à réapprendre la vie, à me mettre à l’école, à l’attention à la Vie.

 

C’est à Valleyfield, à St-Louis-de-Gonzague puis à Huntingdon que, jeune prêtre, j’ai découvert le charisme pastoral et humain extraordinaire des femmes, moi qui venait d’une famille et d’un milieu éducatif presqu’exclusivement masculin. J’ai aussi appris à travailler avec les laïcs d’égal à égal.

 

J’ai toujours aimé travailler en équipe : c’est cela l’Église! Femmes et hommes, chacun enrichit l’autre. Et puis, nous a dit Jésus, « là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis là au milieu d’eux » (Matthieu 18, 20). Un projet est toujours meilleur quand il naît d’une équipe, même si c’est parfois plus long, plus tortueux au départ. Et c’est ce que je me suis attaché à développer à travers tous les ministères qui m’ont été confiés.

 

Aujourd’hui, comme pasteur, j’appartiens à une belle région pastorale, celle de Vaudreuil-Île-Perrot, et je suis entouré ici de plusieurs équipes de baptisés profondément engagés dans la vie de la paroisse, à Sainte-Jeanne comme à Sainte-Rose!

 

 

Une des plus belles périodes de la vie de l’Église…

 

Oui, tout cela m’a rendu heureux comme prêtre. Heureux d’être un prêtre du Concile Vatican II, prêtre d’une Église qui a vécu la plus grande conversion de son histoire depuis les origines. Elle s’est mise humblement à l’écoute et au service des femmes et des hommes d’aujourd’hui : c’est pour eux que le Christ est venu et à qui il a voulu apporter la bienveillance de Dieu, la vie en abondance. Une Église servante et pauvre, au service d’abord des petits et des pauvres, et de tous ceux qui sont, comme dit le Pape François, à la périphérie de l’Église ou de la société.

 

Ces années comptent, sûrement, parmi les plus belles périodes de la vie de l’Église; je suis le témoin et, bien humblement, un petit acteur d’une Église qui a changé profondément, d’un ministère de prêtre qui a aussi changé grandement. Je suis heureux et fier d’être de l’Église catholique telle que présidée par le bon Pape François, un Pape que j’espérais depuis longtemps, un Pape de la compassion, de la bienveillance, de la simplicité évangélique, un Pape qui regarde d’abord la situation des personnes avant d’écouter les principes.

 

Expériences et convictions décisives…

 

Je ne vous raconterai pas toute ma vie, mais, en vous regardant, vous tous qui êtes ici, je suis tellement heureux d’avoir fait route avec vous; c’est grâce à vous que j’ai pu accomplir les cinquante années de ce ministère. J’aimerais  évoquer quelques convictions, quelques expériences qui ont fait ce que je suis, et qui ont fait de moi un prêtre heureux et rempli d’espérance, malgré les lourds défis de notre société et de notre Église.

 

Ce qui m’a permis de traverser toutes ces années, malgré les défis, les difficultés, les épreuves parfois, c’est d’abord votre amitié, votre prière, votre soutien, votre collaboration, et surtout votre témoignage de vie : la Vie est la lumière des hommes, et votre vie a été pour moi source de lumière. J’ai toujours eu besoin de me sentir au cœur d’une communauté chrétienne vivante, comme en cette paroisse où tant de gens s’impliquent, une paroisse qui s’est enrichie il y a huit ans en faisant le saut du regroupement des paroisses Sainte-Jeanne-de-Chantal et Sainte-Rose-de-Lima.

 

Depuis cinquante ans aussi, une paroisse sans frontières s’est aussi développée devant moi, au hasard des amours, des deuils, des naissances, des engagements, des compagnonnages. Je n’ai pas le cœur assez grand pour contenir tous ceux qui, comme vous aujourd’hui, aux quatre coins du Québec, et parfois du monde, continuent, j’ignore pourquoi, de vouloir faire route en lien avec moi vers un idéal, un Dieu, ou des valeurs partagées.

 

Tous les jours, au réveil, je m’étonne et m’émerveille de la bonté des gens, comme de la beauté du monde. Chaque jour m’éveille à la présence d’un Dieu d’amour, à la fois si proche et plus intime à moi que moi-même, comme disait saint Augustin, et en même temps, si grand, si lointain, si mystérieux. Un Dieu à qui je dois tout, et qui m’a fait et qui m’aime tel que je suis, avec mes qualités et mes défauts. Un Dieu qui est à la fois pour moi mon Père et notre Père à tous, à qui je confie ma vie chaque matin; mais il demeure aussi pour moi le grand Inconnu, plus grand que l’univers si vaste, un mystère d’inconnaissance.

 

Avec le temps, j’ai appris à parler de lui modestement, car je n’ai aucune prise sur lui. Je ne peux en parler qu’en me laissant inspirer par Jésus qui m’a appris à découvrir le Père et l’Esprit dans ma vie. Je n’ai pas Dieu dans ma poche. Je ne suis pas son fonctionnaire, mais un simple serviteur qui prie chaque matin en disant : « Je te cherche dès l’aube. » (Psaume 62)

 

Et puis, il y a le Christ, qui m’a un jour séduit. J’essaie tant bien que mal de le suivre en accueillant les événements, mais surtout les personnes qu’il place sur ma route. Sa Parole me nourrit. Je ne suis pas un grand priant. Je prie beaucoup en marchant, en regardant la vie et la nature autour de moi, comme le matin en allant au gymnase. J’essaie de le reconnaître dans tout pauvre, dans la personne endeuillée, dans l’enfant qui sourit, dans le jeune couple rempli d’espoir, dans la personne malade qui s’éteint en paix. Mais surtout, je suis constamment épaté des amis du Christ, ces femmes et ces hommes qui, autour de moi, comme vous aujourd’hui, sont ses mains, son cœur, son regard.

 

Aussi, il y a Marie, la Mère de Jésus. Derrière le presbytère Ste-Rose-de-Lima que j’ai habité pendant 17 ans, il y a une statue de Notre-Dame-de-la-Vie-Intérieure : elle nous regarde, elle veille sur nous et nous communique l’Esprit venu sur elle. C’est pour moi une grande source de confiance et d’espérance. Marie est là. Je n’ai jamais manqué de rien, la paroisse non plus. Et puis, quand nous avons regroupé les deux paroisses, nous nous sommes retrouvés sous le patronage de Marie, Notre-Dame-de-la-Garde, patronne de l’Île Perrot.

 

Trois événements majeurs…

 

Dans ma vie, trois grands événements m’ont transformé, et ont soutenu mes engagements.

 

D’abord, la rencontre de feu Gaétane Gareau, grande psychologue, femme consacrée (cofondatrice du Groupe Monde et Espérance). À la fin des années 70, j’ai eu l’impression de renaître à travers une démarche thérapeutique où j’ai appris à mieux équilibrer ma vie, à mieux prendre conscience de mes forces intérieures, et surtout à habiter mon corps pour mieux aimer dans un célibat consacré. Ce long travail de ré-enfantement a été poursuivi et complété par une autre grande disparue, la Dr Jeannine Guindon.  Sans ces deux femmes, je ne suis pas sûr que je serais ici aujourd’hui.

 

L’autre événement fut la rencontre des Fraternités de prêtres Jésus Caritas. Depuis plus de 30 ans j’appartiens à une équipe de prêtres de Montréal qui se réunit une fois par mois pour fraterniser, méditer sur la Parole évangélique, réviser les situations de vie et de ministère, prendre un bon temps d’adoration devant le Christ eucharistique. Ce sont des frères qui m’accueillent tels que je suis. Ils m’ont aidé à porter mes questions, mes choix, mes souffrances, mes défis. Ils m’ont gardé les yeux fixés sur le Christ et sur l’inspirateur de ces fraternités internationales, le bienheureux Charles de Foucauld, qui m’apprend sans cesse à devenir petit frère universel. Sans ce soutien de confrères, je ne sais pas si j’aurais été vraiment fidèle à l’appel du Christ, dans une vie de prêtre, souvent débordée et décousue.

 

J’ajoute un autre événement : la rencontre de Jésus pauvre dans les pauvres. D’abord à Huntingdon, puis plus tard lors d’un séjour humanitaire en République Dominicaine, et ici même à l’île Perrot. C’est toujours une expérience déstabilisante. Cela m’arrive à l’improviste : un appel, un itinérant qui sonne à la porte. Mais c’est toujours une visite de Dieu qui me dérange et me remet en question. Je me sens obligé d’agir pour que quelque chose change dans notre monde ici et ailleurs.

 

Bon, il y aurait tant d’autres choses à dire. Un jour, peut-être, me faudra-t-il écrire mes mémoires, pour peu que cela intéresse quelqu’un. J’ai le sentiment d’avoir été jusqu’ici témoin d’une époque assez unique de l’Église au Québec et dans le monde.

 

J’aurais pu aussi parler des souffrances, souffrance surtout de ne jamais être à la hauteur, ou souffrance de ne pas être grand-père, tiens! Souffrances des deuils aussi, mais surtout des bêtises ou des erreurs de jugement que j’ai pu commettre, des personnes que j’ai blessées. Pardonnez-les moi je vous en prie. Un Jubilé, c’est un temps pour demander une remise de dettes, et j’en ai tant à votre égard.

En terminant, je me reconnais dans ces mots récents du Pape François à propos des pasteurs : « La joie de l’Église est d'engendrer ; la joie de l’Église est de sortir de soi-même pour donner la vie ; la joie de l’Église est d'aller chercher les brebis égarées ; la joie de l’Église est celle de la tendresse du pasteur, de la tendresse de la mère. »

C’est donc ma joie de vouloir continuer à servir et à aimer, à la mesure de mes forces, avec l’aide de votre amitié et de votre prière. « À cause de Jésus et de l’Évangile. » Merci de m’avoir écouté!

 

En terminant, bien humblement, et dans l’esprit du geste posé par notre Pape François, lors de son élection, je vous demanderais, dans un moment de silence et de prière, de me bénir, afin que je puisse continuer dans l’avenir à servir fidèlement le Peuple de Dieu, et spécialement les plus petits de mes frères et sœurs…..

 

 

(Remerciements)

 

Merci à vous tous d’être là! D’abord, vous, la belle grande communauté de  Sainte-Jeanne-de-Chantal et de Sainte-Rose-de-Lima, engagée avec moi dans le service de l’Évangile à L’Île-Perrot, et dans le diocèse de Valleyfield. J’ai donné ma vie à ce diocèse, j’ai refusé à plusieurs reprises d’aller ailleurs. Cela a toujours été mon choix de servir dans ce diocèse. Merci à vous Mgr Simard, notre évêque, dont je suis, par ordination, un collaborateur dans le service de l’Évangile : merci de votre présence chaleureuse, de votre confiance, et de vos paroles éclairantes.

 

Mgr Robert Lebel, notre évêque émérite aurait aimé être des nôtres mais sa santé ne le lui permettait pas. J’ai eu le privilège de travailler avec lui pendant 17 ans, dont huit ans comme coordonnateur de la pastorale diocésaine et vicaire général du diocèse. Ce fut une étape très importante de ma vie pour partager ce que j’avais reçu et rendre cette Église vivante.

 

La messe d’aujourd’hui a été splendide, comme un rayon de lumière dans l’obscurité de l’hiver, un signe de joie à l’approche de Noël : merci à l’équipe d’organisation de la célébration et de la réception qui a cherché à tenir compte de mes sensibilités; merci à notre beau Chœur Eklézio qui s’est surpassé dans la ferveur comme dans la beauté; merci à tous ceux qui, dans l’accomplissement de leurs tâches, aujourd’hui, manifestent la richesse et la diversité des charismes et des services dans notre paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal.

 

Mais aussi, merci à vous tous pour votre présence et votre amitié :

 

·         vous, les membres de ma famille, les confrères de collège et les amis de la première heure; vous, particulièrement mes confrères Laurier Farmer et Gilles Bergeron qui célébrez aussi 50 ans de ministère presbytéral; c’est un trio formidable;

·         merci à vous, les amis de toujours, et à vous, les grandes familles qui m’accueillez comme un frère, un père ou un fils;

·         merci à vous, les collaboratrices et collaborateurs dans la mission pastorale au cours de ma vie ou dans la région et la paroisse,

·         merci à vous, les personnes consacrées, femmes et hommes qui m’avez aidé à devenir ce que je suis,

·         merci à vous, les confrères prêtres diocésains, solidaires dans la mission reçue; merci à Gérald Chaput qui m’assistait à ma première messe, et à Yves Guilbeault, un confrère et ami exceptionnel depuis plus de 30 ans. Votre engagement m’inspire. Votre fidélité commande la mienne.

·         Merci aussi de votre présence, Monsieur le maire Marc Roy et votre épouse, Lisette; merci à vous, représentants de Ville de L’Île-Perrot, spécialement mon ami et bénévole exceptionnel, M. Marcel Rainville (et à sa compagne, Pierrette); merci à M. Normand Pigeon, conseiller municipal à la Ville de Notre-Dame-de-L’Île-Perrot, et à votre épouse, Mme Barbara Santana : avec vous je porte,  nous portons dans la paroisse, le souci de bâtir un milieu de vie plus humain et plus solidaire.

 

Richard Wallot, prêtre





Homélie de Mgr Noël Simard, évêque de Valleyfield,  lors du 50e anniversaire de sacerdoce de l'abbé Richard Wallot, le 14 décembre 2014, à l'église Sainte-Rose-de-Lima.

 

 « Il y eut un homme envoyé par Dieu. Il était venu comme témoin pour rendre témoignage à la Lumière », avons-nous entendu dans l’évangile du jour. Il y a 50 ans, il y eut un homme envoyé par le Seigneur et qui a dit oui au Seigneur et à son évêque (Mgr Langlois ou Mgr Caza- coadjuteur). Il y a 50 ans, alors qu’il n’était âgé que de 22 ans, Richard est consacré par l’onction, envoyé « pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté » (Première lecture du prophète Isaïe).  Aujourd’hui nous rendons grâce pour la fidélité de ce oui que Richard a dit pendant 50 années de service, de dévouement et de témoignage. Son parcours étonnant l’a amené à œuvrer en éducation (polyvalente), comme secrétaire d’évêque, en journalisme (Dimanche-matin et à la radio de CKAC), à parfaire des études à l’Université Grégorienne de Rome, à travailler à la mise sur pied du Centre de formation pastorale et à son animation, à être le bras droit de l’évêque comme vicaire général et comme coordonnateur de la pastorale. Finalement en 1992, souhaitant faire du ministère en paroisse, il s’enracine à l’Ile Perrot et devient curé de Ste-Rose de Lima et à Ste-Jeanne de Chantal. Il sera demandé par les évêques pour rédiger deux rapports quinquennaux au pape et collaborera à divers organismes et publications. Il est reconnu pour avoir une plume excellente. La fidélité de son oui va l’amener aussi à animer avec Mgr Paul-Émile Charbonneau le stage annuel pour les prêtres à Pierrefonds. Enfin, il est membre du trio responsable des Fraternités sacerdotales Jésus Caritas de la région Québec-Acadie. Il a été aussi animateur et guide spirituel de nombreux voyages et pèlerinages.

 

Cher Richard, merci d’avoir été un pasteur selon le cœur de Dieu et désireux de bâtir son Royaume de justice, d’amour et de paix, et de travailler à l’édification de communautés chrétiennes vivantes dans un réel souci de partenariat laïcs-prêtres.

 

Il est sans doute opportun, en ce jour de jubilé sacerdotal, de rappeler ce qu’est un prêtre.

 

Il faut d’abord se souvenir que le prêtre est envoyé; il est choisi par Dieu; il devient prêtre d’abord à cause d’une initiative divine. S’il est attentif à la voix de Dieu, sa réponse est généreuse et rapide. Ce OUI est donné pour relever les défis de révéler l’amour passionné de Dieu pour toute l’humanité, pour bâtir le Royaume et servir l’Église. Et c’est en Dieu et dans la prière, tant personnelle que collective, qu’il trouve la force de marcher à la suite du Christ. Le prêtre est homme de prière.

 

Aujourd’hui plusieurs se demandent ce que fait un prêtre. Pour comprendre la vie d’un prêtre, il faut se demander non pas tant ce que fait le prêtre, mais « Qui est le prêtre? ».

 

Le prêtre est un chrétien, qui, à l’appel de l’évêque représentant aujourd’hui l’invitation de Jésus « Suis-moi » (aidé en cela par bien des collaborateurs, collaboratrices et accompagnateurs), accepte de dire oui et de mettre sa vie au service de Dieu et de l’Église, et ce, en proclamant la Parole, en bâtissant des communautés chrétiennes autour du Christ en son Eucharistie, en édifiant un monde meilleur de justice et de paix.

 

Le prêtre aime. IL est une personne amoureuse de Jésus-Christ. Il est son ami – l’Ami aimé, rencontré, loué, imploré, attendu. Son service restera toujours un service d’amour pour toute l’humanité, un ministère unique et irremplaçable, en mesure de faire goûter déjà, ici et maintenant, la vie pleine et la beauté du Royaume. Le service du prêtre, c’est d’être témoin de l’amour total, inclusif et démesuré de Dieu pour les hommes et les femmes de notre temps. Car aimer, c’est essentiellement donner sa vie aux autres. Cela signifie être disponible, ce qui ne se réduit pas à une simple disponibilité de temps. Il s’agit beaucoup plus profondément d’une disponibilité de cœur et de corps qui veut être totale. En gardant son cœur libre, le prêtre laisse passer en lui, par lui et à travers lui, (gestes, paroles, accueil, etc.) cette force d’amour de Dieu qu’il a accueillie pour la mettre à la disposition de tous ceux et celles que le Seigneur met sur sa route.

 

Le prêtre est un rassembleur, un créateur d’Unité et d’alliance.  Séduit un jour par Jésus Christ, en lui, avec lui, par lui, il fait alliance, non pas avec une personne en particulier, mais avec l’humanité entière, avec le peuple de Dieu qu’est l’Église.  Et dans ce peuple, il sert une communauté particulière, la paroisse, un mouvement, une équipe, vers laquelle il est envoyé non comme un fonctionnaire ou un administrateur mais comme un amoureux de Dieu et de ceux et celles à qui il donne sa vie. C’est un homme qui travaille avec les laïcs, qui leur fait confiance et qui compte sur eux.

Le prêtre donne la vie. Non pas la vie physique en ayant des enfants, mais en se donnant chaque jour comme pain rompu à ceux et celles qui ont faim, à tous ceux et celles qui souffrent et qui espèrent rencontrer des hommes et des femmes disponibles pour leur offrir ce supplément d’amour dont ils rêvent. A travers les sacrements, le prêtre a reçu aussi ce pouvoir de transmettre la vie de Dieu par le baptême, l’eucharistie, le pardon et les autres signes de la présence du Christ.

 

Le prêtre est enfin un témoin de la lumière et de la gratuité de l’amour de Dieu, un témoin habité du regard de Dieu pour voir à sa manière, pour apporter sens et direction à tous ceux et celles qui cherchent une raison à leur existence.  C’est un témoin capable de risquer sa vie par amour pour Dieu, un témoin de l’Absolu comme l’a été Charles de Foucauld, un témoin qui s’abandonne entre les mains du Père, un frère de tous et de toutes.

Rendons grâce dans cette eucharistie pour la fidélité de la miséricorde de Dieu à notre égard et pour son infinie tendresse à l’égard de toute personne. Rendons grâces pour l’exemple de générosité et de fidélité dans le don et pour l’amour que Richard nous a donné au cours de ces 50 années de ministère.

 

Un prêtre recevait une lettre de paroissiens pour le remercier lors d’un anniversaire. La lettre se terminait par « Merci surtout à cause de votre faible pour Jésus- Christ ». Et lui de répondre - et je crois que cela s’applique fort bien à Richard : «  Je crois que ce faible pour Jésus-Christ, au long des années, devient de plus en plus fort ».  AMEN